La lutte du Japon contre les impérialismes occidentaux

La lutte du Japon contre les impérialismes occidentaux

Intervention de Robert Steuckers, 5ième université d'été de la F.A.C.E. et de «Synergies Européennes», Varese, Lombardie, 1 août 1997

Les principales caractéristiques politiques du Japon avant son ouverture forcée en 1853 étaient:
1. Un isolement complet
2. Un gouvernement assuré par le Shôgun, c'est-à-dire un pouvoir militaire.
3. La fonction impériale du Tennô est purement religieuse.
4. La société est divisée en trois castes:
- les Daimyos, seigneurs féodaux.
- les Samouraïs, fonctionnaires et vassaux.
- les Hinin, le peuple.

Sous le Shôgun YOSHIMUNE (1716-1745), le pouvoir impose:
- des taxes sur les biens de luxe afin d'"ascétiser" les daimyos et les samouraïs qui s'amollissaient dans l'hédonisme.
- une élévation des classes populaires.
- la diffusion de livres européens, à partir de 1720 (afin de connaître les techniques des Occidentaux).

Sous le Shôgun IEHARU (1760-1786), le Japon connaît une phase de déclin:
- la misère se généralise, les castes dirigeantes entrent en décadence (les tentatives de Yoshimune ont donc échoué).
- la misère générale entraîne le déclin du Shôgunat.
- on assiste alors à une réaction nationale, portée par le peuple, qui revalorise le shintoïsme et la figure du Tennô au détriment du Shôgun.

Avant l'ouverture, le Japon présente:
1. Une homogénéité territoriale:
- Trois îles + une quatrième en voie de colonisation, soit Kiou-Shou, Shikoku, Honshu + Hokkaïdo).
- Sakhaline et les Kouriles sont simplement perçues comme des atouts stratégiques, mais ne font pas partie du "sol sacré" japonais.

2. Une homogénéité linguistique.

3. Une certaine hétérogénéité religieuse:
- le Shinto est l'élément proprement japonais.
- le bouddhisme d'origine indienne a été ajouté à l'héritage national.
- le confucianisme d'origine chinoise est un corpus plus philosophique que religieux et il a été ajouté au syncrétisme bouddhisme/shintoïsme.
- la pratique du prosélytisme n'existe pas au Japon.
- la vie religieuse est caractérisée par une co-existence et un amalgame des cultes: il n'existe pas au Japon de clivages religieux antagonistes comme en Europe et en Inde.
- aucune religion au Japon n'aligne de zélotes.

4. Une homogénéité ethnique:
(la majeure partie de la population est japonaise, à l'exception des Aïnous minoritaires à Hokkaïdo, des Coréens ostracisés et d'une caste d'intouchables nommé "Eta").

Cette esquisse du Japon d'avant l'ouverture et ces quatre facteurs d'homogénéité ou d'hétérogénéité nous permettent de dégager trois leitmotive essentiels:

1. Contrairement à l'Occident chrétien ou même à l'Islam, le Japonais n'est pas religieux sur le mode de la disjonction (ou bien... ou bien...). Il ne dit pas: “je suis protestant ou catholique et non les deux à la fois”. Il est religieux sur le mode CUMULATIF (et... et...). Il dit: "Je suis ET bouddhiste ET shintoïste ET confucianiste ET parfois chrétien...). Le mode religieux du Japonais est le syncrétisme.

2. Le Japonais ne se perçoit pas comme un individu isolé mais comme une personne en relation avec autrui, avec ses ancêtres décédés et ses descendants à venir.

3. Pour le Japonais, la Nature est toute compénétrée d'esprits, sa conception est animiste à l'extrême, au point que les poissonniers, par exemple, érigent des stèles en l'honneur des poissons dont ils font commerce, afin de tranquiliser leur esprit errant. Les poissonniers japonais viennent régulièrement apporter des offrandes au pied de ces stèles érigées en l'honneur des poissons morts pour la consommation. A l'extrême, on a vu des Japonais ériger des stèles pour les lunettes qu'ils avaient cassées et dont ils avaient eu un bon usage. Ces Japonais apportent des offrandes en souvenir des bons services que leur avaient procurés leurs lunettes.

LE JAPON ET L'EUROPE:

Premiers contacts:
- Avec les Portugais (chargé d'explorer, de coloniser et d'évangéliser toutes les terres situées à l'Est d'un méridien fixé par le Traité de Tordesillas).

- Avec les Portugais s'installent les premières missions chrétiennes, composées de Franciscains, de Dominicains et de Jésuites.

- Le Shôgun IYEYASU est bouddhiste, membre de la secte Jodo, et s'oppose au christianisme parce que cette religion occidentale:
a) exclut les autres cultes et refuse leur juxtaposition pacifique;
b) génère des querelles incompréhensibles entre Franciscains et Dominicains espagnols d'une part et Jésuites portugais d'autre part;
c) parce que les Anglais et les Hollandais, qui harcèlent les deux puissances catholiques ibériques, promettent de ne pas s'ingérer dans les affaires religieuses du Japon, de ne pas installer de missions et donc de ne pas transposer les querelles de l'Occident au Japon.

- Après l'éviction des Portugais et des Espagnols catholiques, l'influence européenne la plus durable sera la hollandaise. Elle s'exercera surtout sur le plan intellectuel et scientifique, notamment en agriculture et en anatomie.

Le JAPON FACE AUX PUISSANCES LIBÉRALES (USA/GRANDE-BRETAGNE):

- Les Japonais se désintéressent des marchandises que leur proposent les Anglais.
- Pour gagner quand même de l'argent, les Anglais vendent de la drogue (opium).
- Ils obligent ensuite les Japonais à accepter des "traités inégaux", équivalent à un régime de "capitulations".
- Ils obligent les Japonais à accepter un statut d'EXTRA-TERRITORIALITÉ pour les résidents étrangers qui sont ainsi soustraits à toute juridiction japonaise (cette mesure a été prise à la suite de la décapitation de plénipotentiaires portugais de Macao, exécutés sans jugement et arbitrairement).
- Ils obligent les Japonais à renoncer à ériger tous droits de douane et à respecter de la façon la plus absolue le principe du "libre marché".
- Sans appareil politico-administratif issu d'un mercantilisme ou d'un protectionnisme bien étayés, les Japonais sont à la merci du capital étranger.
- Face à cette politique anglaise, qui sera appliquée également par les Etats-Unis à partir de 1853, les Japonais comprennent qu'ils doivent à tout prix éviter le sort de l'Inde, de la Chine et de l'Egypte (cette dernière était un Etat solidement établi au début du 19ième siècle, selon les principes de l'"Etat commercial fermé” de Fichte).
- Le Japon se rend compte qu'il doit adopter:
a) la technologie occidentale (armes à feu, artillerie, navires de guerre).
b) les méthodes d'organisation occidentales (il adoptera les méthodes prussiennes).
c) les techniques navales occidentales.
Pour ne pas être démuni face aux puissances européennes et aux Etats-Unis. Cette volonté de s'adapter aux technologies occidentales ouvrira l'Ere Meiji à partir de 1868.
Géopolitiquement, à partir de 1868, le Japon était coincé entre la Russie et les Etats-Unis. La Russie avançait ses pions en Sibérie orientale. Les Etats-Unis transformaient le Pacifique en lac américain.

LE JAPON FACE AUX ÉTATS-UNIS:

- Date clef: 1842. Cette année-là voit la fin de la première guerre de l'opium entre la Grande-Bretagne et la Chine. Londres impose aux Chinois le Traité de Nankin, où le Céleste Empire doit accepter la clause de la nation la plus favorisée à toutes les puissances occidentales. Sur le continent américain, les derniers soldats russes quittent leur colonie de Californie (Fort Ross).
- En 1844 est signé le Traité de Wanghia entre la Chine et les Etats-Unis. Ce Traité amorce la politique commerciale américaine en direction de l'immense marché potentiel qu'est la Chine. Jamais les Américains ne renonceront à conquérir ce marché.
- Dès le Traité de Wanghia, la volonté d'expansion des Etats-Unis dans le Pacifique prend forme.
- En 1845, cette longue marche en direction de l'hypothétique marché chinois commence sur le territoire américain lui-même, par la querelle de l'Oregon. Sur ce territoire sans souveraineté claire (ni britannique ni américaine), les Etats-Unis veulent imposer exclusivement leur souveraineté, car ils considèrent que cette région est un tremplin vers les immensités océaniques du Pacifique.
- Dans la presse de l'époque, les intentions géopolitiques des Etats-Unis s'expriment en toute clarté: «L'Oregon est la clef du Pacifique». Au Congrès, un Sénateur explique sans circonlocutions: «Avec l'Oregon, nous dominerons bientôt tout le commerce avec les îles du Pacifique-Sud et avec l'Asie orientale». Finalement, les Etats-Unis imposent leur volonté aux Britanniques (qui conservent néanmoins Vancouver, surnommé depuis une dizaine d'années, "Han-couver").
- En 1847, les Etats-Unis amorcent les premières négociations avec les Russes en vue d'acheter l'Alaska et les Aléoutiennes; ils envisagent ainsi de projeter leur puissance en direction de la Mer d'Okhotsk et du Japon (en 1867, vingt ans après le début des pourparlers, l'Alaska deviendra effectivement américain).
- En 1848, après une guerre avec le Mexique, les Etats-Unis annexent le Texas, le Nouveau-Mexique et la Californie. Ils possèdent désormais une façade pacifique. 
- L'objectif est clairement esquissé: c'est la création d'un "nouvel empire" américain dans le Pacifique.
Le théoricien de cette expansion pacifique est William H. Seward. Ses théories se résument en huit points:
1. Cet empire sera commercial et non militaire.
2. Il devra compenser l'insuffisance du marché intérieur américain.
3. Il devra lancer et consolider l'industrie américaine.
4. Il devra être épaulé par un flotte de guerre importante.
5. Il devra être structuré par une chaîne de comptoirs, de points d'appui et de stations de charbon (pour les navires de commerce et de guerre).
6. Il ne devra pas être colonial au sens romain et européen du terme, mais se contenter d'une collection de “Hong-Kongs” américains.
7. Il devra viser le marché chinois et éviter toute partition de la Chine.
8. Il devra faire sauter les verrous japonais.

En 1853, avec l'expédition des canonnières du Commandant Perry, la marine américaine ouvre de force le Japon au commerce international. A partir de 1853, les Etats-Unis cherchent à contrôler îles et archipels du Pacifique.
Ce seront, tour à tour, Hawaï, Samoa (où ils s'opposeront aux Allemands et perdront la première manche) et les Philippines (qu'ils arracheront à l'Espagne à la suite de la guerre de 1898).
Avec l'acquisition des Philippines, les Etats-Unis entendent s'approprier le marché chinois, en chasser les puissances européennes et le Japon et y imposer à leur profit une économie des "portes ouvertes".

Le JAPON FACE À LA RUSSIE:

- Au 19ième siècle, la Russie s'étend en Eurasie septentrionale et en Asie Centrale. Elle vise à faire du fleuve Amour sa frontière avec la Chine, afin d'avoir pour elle le port de Vladivostok (gelé toutefois pendant quatre mois par an), puis d'étendre son protectorat à la Mandchourie et d'avancer ses pions en direction de la Mer Jaune, mer chaude, et d'utiliser Port Arthur pour avoir sa propre façade pacifique.

- La Russie encercle ainsi la Corée, convoitée par le Japon et coincée entre Vladivostok et Port Arthur.
- La Grande-Bretagne et les Etats-Unis veulent maintenir la Russie le plus loin possible de la Chine et du littoral pacifique.
- Pour contenir la Russie, la Grande-Bretagne conclut une alliance avec le Japon.
- L'appui de la haute finance new-yorkaise permet au Japon de bénéficier de crédits pour mettre sur pied une armée de terre et une marine de guerre.
- Au même moment, s'enclenche dans la presse libérale du monde entier une propagande contre le Tsar, "ennemi de l'humanité". Simultanément, émerge un terrorisme en Russie, qui agit comme cinquième co­lonne au profit des Britanniques, des financiers américains et des Japonais (qui servent de chair à ca­non).
- Le Japon frappe les Russes à Port Arthur par surprise, sans déclaration de guerre.
- La Russie doit envoyer sa flotte de la Baltique à la rescousse. Mais les Anglais ferment Suez et refusent de livrer eau potable et charbon aux navires russes.
- La Russie est battue et doit composer.
- Les Etats-Unis, qui avaient cependant soutenu le Japon, font volte-face, craignant la nouvelle puis­sance nippone en Mandchourie, en Corée et en Chine.
- Sous la pression américaine, les Japonais sont contraints de renoncer à toutes réparations russes, alors qu'ils comptaient sur celles-ci pour rembourser leurs emprunts new-yorkais.
- Les intrigues américaines font du Japon un pays endetté, donc affaibli, et, croit-on, plus malléable.
- Dès 1907, on assiste à un rapprochement entre Russes et Japonais.
- En 1910, les Japonais s'emparent définitivement de la Corée, sans pour autant inquiéter les Russes.
- De 1914 à 1918, les Japonais s'emparent des établissements et colonies du Reich dans le Pacifique et en Chine.
- Les Japonais interviennent dans la guerre civile russe en Sibérie:
a) ils appuient les troupes de l'Amiral Koltchak qui se battent le long du Transsibérien et dans la région du Lac BaÏkal au nord de la Mongolie.
b) ils appuient la cavalerie asiatique du Baron Ungern-Sternberg en Mongolie.
c) ils tentent de pénétrer en Asie centrale, via le Transsibérien, la Mandchourie et la Mongolie.

LE RETOURNEMENT AMERICAIN ET LA « CONFERENCE DE WASHINGTON »


- Les Etats-Unis s'opposent à cette pénétration japonaise et appuient en sous-main les Soviétiques en:
a) décrétant l'embargo sur les exportations de coton vers les Japon;
b) interdisant l'importation de soies japonaises aux Etats-Unis;
c) provoquant ainsi un chomâge de masse au Japon, lequel est dès lors incapable de financer ses projets géopolitiques et géoéconomiques en Asie septentrionale (Mandchourie et Mongolie).

- En 1922, se tient la CONFÉRENCE DE WASHINGTON.
Les Américains y imposent au monde entier leur point de vue:
1. L'Angleterre est priée de retirer définitivement tout appui au Japon.
2. Les Japonais doivent se retirer de Sibérie (et abandonner Koltchak et Ungern-Sternberg).
3. Les Japonais doivent rendre à la Chine le port ex-allemand de Kiao-Tchau.
4. La Chine doit pratiquer une politique des "portes ouvertes" (en théorie, le Japon et les Etats-Unis sont à égalité dans la course).
5. Les Etats-Unis imposent un équilibrage ou une limitation des marines de guerre:
- Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne peuvent aligner chacun 525.000 tonnes.
- Le Japon doit se contenter de 315.000 tonnes.
- L'Italie et la France se voient réduites à 175.000 tonnes chacune (Georges Valois, Charles Maurras et l'état-major de la marine française s'en insurgeront, ce qui explique la germanophilie des marins français pendant la seconde guerre mondiale, de même que leur européisme actuel).
- La marine allemande est quasiment réduite à néant depuis Versailles et n'entre donc pas en ligne de compte à Washington en 1922.

- Le Japon est dès lors réduit au rôle d'une puissance régionale sans grand avenir et est condamné au "petit cabotage industriel".
- Les militaires japonais s'opposeront à cette politique et, dès 1931, une armée "putschiste", mais non sanctionnée pour avoir perpétré ce putsch, pénètre en Mandchourie, nomme Empereur du "Mandchoukuo, Pu-Yi, dernier héritier de la dynastie mandchoue et pénètre progressivement en Mongolie intérieure, ce qui lui assure un contrôle indirect de la Chine.
- Washington refuse le fait accompli imposé par les militaires japonais. C'est le début de la guerre diplomatique qui se muera en guerre effective dès 1941 (Pearl Harbour).

LE JAPON ET L'ALLEMAGNE:

C'est le facteur russe qui déterminera les rapports nippo-germaniques.

- L'Allemagne s'intéresse au Japon pour:
a) créer un front oriental contre la Russie qui se rapproche de la France.
b) créer une triplice Berlin-Pétersbourg-Tokyo.

- En 1898, au moment de la guerre hispano-américaine, le ministre japonais ITO HIROBUMI suggère une alliance eurasiatique entre l'Allemagne, la Russie et le Japon. C'est au Japon, en lisant les écrits du Prince Ito, que Haushofer a acquis cette idée de "bloc continental" et l'a introduite dans la pensée poli­tique alle­mande.

- Mais en Allemagne on s'intéresse très peu au Japon et bien davantage à la Chine.
- Guillaume II est hanté par l'idée du "péril jaune" et veut une politique dure en Asie, à l'égard des peuples jaunes. Sa politique est de laisser faire les Russes.
- Par ailleurs, les diplomates allemands craignent que des relations trop étroites avec le Japon ne bra­quent la Russie et ne la range définitivement dans le camp français.
- L'Allemagne refuse de se joindre au Pacte nippo-britannique de 1902 contre la Russie et braque ainsi l'Angleterre (qui s'alliera avec la France et la Russie contre l'Allemagne en 1904: ce sera l'Entente).
- En 1905, la Russie, après sa défaite, quitte le théâtre extrême-oriental et jette son dévolu en Europe aux côtés de la France.
- L'Allemagne est présente en Micronésie mais sans autre atout: elle en sera chassée après la première guerre mondiale.

Les déboires et les maladresses de l'Allemagne sur le théâtre pacifique lui coûteront cher. Ce sera l'obsession du géopolitologue Haushofer.

Le DISCOURS DE LA POLITIQUE JAPONAISE:

Face à l'Europe et surtout aux Etats-Unis, à partir de la Conférence de Washington de 1922, quel discours alternatif le Japon va-t-il développer?

A. Les idéologies au Japon en général:
Pierre Lavelle, spécialiste français de la pensée japonaise distingue:
1. des formes idéologiques traditionnelles
2. des formes idéologiques néo-traditionnelles
3. des formes idéologiques modernes.

1. Les formes traditionnelles:
- Parmi les formes traditionnelles, le Shinto cherche à s'imposer comme idéologie officielle de la japonitude.
- Mais cette tentative se heurte au scepticisme des dirigeants japonais, car le Shinto éprouve des difficul­tés à penser le droit et la technique.
- Au cours des premières décennies de l'Ere Meiji, le bouddhisme perd du terrain mais revient ensuite sous des formes innovantes.
- Le confucianisme est revalorisé dans les milieux ultra-nationalistes et dans les milieux patronaux.

2. Les formes néo-traditionnelles:
- Leur objectif:
a) garder une identité nationale
b) cultiver une fierté nationale
c) faire face efficacement au monde extérieur avec les meilleures armes de l'Occident.

3. Les formes modernes:
- C'est d'abord la philosophie utilitariste anglo-saxonne qui s'impose au milieu du XIXième siècle.
- Après 1870, les orientations philosophiques japonaises s'inspirent de modèles allemands (ce qui perdu­rera).
- Vers 1895 disparaissent les dernières traces du complexe d'infériorité japonais.
- De 1900 à nos jours, la philosophie japonaise aborde les mêmes thématiques qu'en Europe et aux Etats-Unis.
- La dominante allemande est nette jusqu'en 1945.
- De 1955 à 1975 environ, le Japon connaît une période française. Michel Foucault est fort apprécié.
- Aujourd'hui, l'Allemagne reste très présente, ainsi que les philosophes anglo-saxons. Heidegger semble être le penseur le plus apprécié.

B. Le PANASIATISME (1):

L'idéal panasiatique repose sur deux idées maîtresses:
- Le Japon est puissance dominante qui a su rester elle-même et a assimilé les techniques de l'Occident.
- Le Japon est une puissance appelée à organiser l'Asie.
Dans cette optique, deux sociétés patriotiques émergent:
1) La Société du Détroit de Corée (Gen'yôsha).
2) La Société du Fleuve Amour (Kokuryûkai).

C. La “DOCTRINE D'ÉTAT”: POSITIONS ET FIGURES


Positions:
1. Centralité du Tennô/de la Maison Impériale.
2. Le Shintô d'Etat qui laisse la liberté des cultes mais impose un civisme à l'égard de l'Empereur et de la nation japonaise.
3. L'âme des sujets n'est pas distincte de l'Auguste Volonté  du Tennô.
4. La vision sociale de Shibuwasa Eiichi (1841-1931):
a) subordonner le profit à la grandeur nationale;
b) subordonner la compétition à l'harmonie;
c) subordonner l'esprit marchand à l'idéalisme du samouraï.
Ce qui implique:
- des rapports non froidement contractuels;
- des relations de type familial dans l'entreprise.
5. L'idéal bismarckien d'un Etat social fort et protectionniste, s'inscrivant dans le sillage de l'école historique allemande.
6. Le développement d'un nationalisme étatique reposant, chez Inoue Testujiro (1856-1944):
a) sur une modernisation du confucianisme;
b) sur le panasiatisme;
c) sur le rejet du christianisme.
Et chez Takayama Chogyu (1871-1902) sur l'idée que le Japon est le champion des "Non-Aryens” dans la grande lutte finale entre les races qui adviendra.
7. Le développement concommittant d'un nationalisme populaire, dont les idées-forces sont:
a) le refus de l'étiquette occidentale dans les rituels d'Etat japonais.
b) la défense de l'essence nationale (kokusui).
c) la remise en cause de l'idée occidentale du progrès unilinéaire.
d) la nation est la médiation incontournable des contributions de l'individu à l'humanité.

Figures: 
1. Miyake Setsurei (1868-1945):
- L'objectif du Japon doit être le suivant: il doit faire la synthèse de l'émotion chinoise, de la volonté indienne et de l'intelligence occidentale (la démarche, comme toujours au Japon, est une fois de plus CUMULATIVE).
- Le Japon doit être capable de bien faire la guerre.
- Le Japon doit éviter le piège du bureaucratisme.
- Le Japon doit adopter le suffrage universel, y compris celui des femmes.

2. Shiga Shigetaka (1863-1927):
- L'identité culturelle japonaise passe par une valorisation des paysages nationaux (Shiga Shigetaka est écologiste et géophilosophe avant la lettre).
- L'expansion dans le Pacifique doit se faire par le commerce plutôt que par les armes.

3. Okahura Tenshin (1862-1913)
- Le Japon doit prendre conscience de son asiatisme.
- Il doit opérer un retour aux valeurs asiatiques.
- Il doit s'inspirer de la démarche de l'Indien Rabindranath Tagore (1861-1941), champion de l'émancipation indienne et asiatique.
- Les valeurs asiatiques sont: le monisme, la paix, la maîtrise de soi, l'oubli de soi, une notion de la famille centrée sur la relation entre générations et non sur le couple.

4. Les nationalistes chrétiens:
Attention: les chrétiens japonais sont souvent ultra-nationalistes et anti-américains.
Pour les nationalistes chrétiens, les valeurs communes du christianisme et du Japon sont:
- la fidélité, l'ascèse, le sacrifice de soi, le dévouement au bien public, l'idée d'une origine divine de toute autorité.
Les chrétiens protestants:
a. Ebina Danjô (1856-1937):
- L'Ancien Testament doit être remplacé par la tradition japonaise.
- Le Tennô doit être adjoint à la Sainte-Trinité.
b. Uchimura Kanzô (1861-1930):
- L'Occident n'applique pas les principes chrétiens, c'est au Japon de les appliquer en les japonisant.
c. Les Catholiques:
En 1936, le Vatican s'en tire avec une pirouette: le Shintô n'est pas une religion, donc il est compatible avec le christianisme. Les Catholiques peuvent donc pratiquer les rites shintoïstes.

En conclusion, le christianisme japonais se présente comme un “christianisme de la Voie Impériale”.
Seuls les Quakers et les Témoins de Jéhovah ne s'y rallient pas.

D. L'ULTRA-NATIONALISME à partir des années 20:

Comme l'Alldeutscher Verband  allemand ou la Navy League  américaine, l'ultra-nationalisme japo­nais débute par la fondation d'une société: la SOCIÉTÉ DE LA PÉRENNITÉ (Yûzonsha).
Ses fondateurs sont: ÔKAWA SHÛMEI et KITA IKKI (1883-1937).
a. Kita Ikki:
- Kita Ikki plaide pour le socialisme et le culte de l'Etat.
- Il adhère à la "Société du Fleuve Amour".
- Il prône une solidarité avec la Chine, victime de l'Occident, dans une optique panasiatique.
- Il développe une vision "planiste" de la Grande Asie japonocentrée. Par "planisme", j'entends une vision tournée vers l'avenir, non passéiste, où la mission du Japon passe avant le culte du Tennô.
b. Ôkawa Shûmei (1886-1957):
- La pensée d'Ôkawa Shûmei est à dominante confucéenne.
- Il plaide pour une solidarité avec l'Islam.
c. Nakano Seigô (1886-1943):
- Il est le fondateur de la SOCIÉTÉ DE L'ORIENT (la Tôhôkai), qui sera active de 1933 à 1943.
- Il est le seul au Japon à se réclamer ouvertement du fascisme et du national-socialisme.
- Il plaide pour l'avènement d'un "socialisme national anti-bureaucratique".
- Dans sa défense et son illustrations des modèles totalitaires allemand et italien, il est seul car le Japon n'a jamais été, même pendant la guerre, institutionnellement totalitaire.
d. Le Général Araki Sadao (1877-1966):
- Il inscrit l'ultra-nationalisme japonais dans une perspective spirituelle et fonde la FACTION DE LA VOIE IMPÉRIALE (Kôdôha).

L'ultra-nationalisme japonais culminera pendant les années de guerre dans quatre stratégies:
- La valorisation de l'esprit (tiré des mânes des ancêtres et des dieux présents partout dans le monde) contre les machines.
- L'éradication de la culture occidentale moderne en Asie.
- La valorisation de l'"Autre Occident", c'est-à-dire l'Allemagne et l'Italie, où il mettre surtout l'accent sur l'héroïsme (récits militaires de la première guerre mondiale, pour servir d'exemple aux soldats), plutôt que sur le racisme de Mein Kampf, peu élogieux à l'égard des peuples jaunes.
- L'antisémitisme alors que le Japon n'a pas de population juive.

E. GÉOPOLITIQUE ET PANASIATISME (2):

Les sources de la géopolitique japonaise:

Les Japonais, bons observateurs des pratiques des chancelleries européennes et américaines, lisent dans les rapports de l'Américain Brooks Adams des commentaires très négatifs sur la présence alle­mande dans la forteresse côtière chinoise de Kiau-Tchéou, alors que les Russes se trouvent à Port Arthur.

Brooks Adams exprime sa crainte de voir se développer à grande échelle une politique de chemin de fer transcontinentale portée par les efforts de la Russie, de l'Allemagne et d'une puissance d'Extrême-Orient.

Devant une masse continentale unie par un bon réseau de chemin de fer, la stratégie du blocus, chère aux Britanniques et aux Américains, ne peut plus fonctionner.

Conclusion: Les Japonais ont été les premiers à retenir cette leçon, mais ont voulu prendre la place de la Chine, ne pas laisser à la Chine le bénéfice d'être la puissance extrême-orientale de cette future "troïka" ferroviaire.

D'où: les flottes allemande et japonaise doivent coopérer et encadrer la masse continentale russe et mettre ainsi un terme à la pratique des "traités inégaux" et inaugurer l'ère de la coopération entre partenaires égaux.

Après l'alliance anglaise de 1902 et après la victoire de 1905 sur la Russie, qui ne rapporte pas grand'chose au Japon, le Prince Ito, le Comte Goto et le Premier Ministre Katsura voulaient une alliance germano-russo-japonaise. Mais elle n'intéresse pas l'Allemagne. Peu après, le Prince Ito est assassiné en Corée par un terroriste coréen.

L'IDÉE D'UN "BLOC CONTINENTAL EURASIEN" est donc d'origine japonaise, bien qu'on le retrouve chez l'homme d'Etat russe Sergueï Witte.

F. Le PANASIATISME (3):

Quant au panasiatisme, il provient de trois sources:
1. Une lettre du révolutionnaire chinois Sun-Yat-Sen au ministre japonais Inoukaï: le leader chinois demandait l'alliance de la Chine et du Japon avec la Turquie, l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne, pour "libérer l'Asie".

2. L'historien indien Benoy Kumar Sakkar développe l'idée d'une “Jeune Asie” futuriste.

3. Le discours de l'écrivain indien Rabindranath Tagore, exhortant le Japon à ne pas perdre ses racines asiatiques et à coopérer avec tous ceux qui voulaient promouvoir dans le monde l'émergence de blocs continentaux.

APRÈS 1945:
- La souveraineté japonaise est limitée.
- McArthur laisse le Tennô en place.
- Le Japon est autorisé à se renforcer économiquement.

Mais dès les années 80, ce statu quo provoque des réactions. La plus significative est celle de Shintaro Ishihara, avec son livre The Japan That Can Say No  (1989 au Japon, avant la guerre du Golfe; 1991 dans sa traduction américaine, après la guerre du Golfe).

Dans cet ouvrage, Shintaro Ishihara:
- réclame un partenariat égal avec les Etats-Unis en Asie et dans le Pacifique.
- souligne les inégalités et les vexations que subit le Japon.
- explique que la politique des "portes ouvertes" ne réglerait nullement le problème de la balance commer­ciale déficitaire des Etats-Unis vis-à-vis du Japon.
- observe que si les Etats-Unis présentent une balance commerciale déficitaire face au Japon, c'est parce qu'ils n'ont jamais adapté correctement leur politique et leur économie aux circonstances variables dans le monde.
- observe que les pratiques japonaise et américaine du capitalisme sont différentes, doivent le rester et dérivent de matrices culturelles et historiques différentes.
- observe que l'imitation d'un modèle étranger efficace n'est pas un déshonneur. Le Japon a appris de l'Occident. Les Etats-Unis pourraient tout aussi bien apprendre du Japon.
- se réfère à Spengler pour dire:
a) il n'y a pas de "fin de l'histoire".
b) la quête de l'humanité se poursuivra.
c) comme Spengler l'avait prévu, la civilisation de demain ne sera possible que si se juxtaposent des cul­tures différentes sur la planète.
d) les différences ne conduisent pas à l'incompatibilité et à la confrontation.
- annonce que le Japon investira en Europe, notamment en Hongrie et en Tchéquie.
- suggère aux Américains un vaste programme de redressement, basé sur l'expérience japonaise.

La réponse américaine, rédigée par Meredith et Lebard (cf.) est:
- une réponse agressive;
- une réponse prévoyant une future guerre en Asie, mettant aux prises un Japon regroupant autour de lui une alliance avec l'Indonésie, Singapour, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Philippines, la Malaisie, la Thaïlande, la Myanmar, l'Inde et la Chine. Cette alliance visera à contrôler à la place des Américains la route du pétrole du Golfe à Singapour et de Singapour au Japon, par un binôme marin Inde/Japon.
- Face à ce bloc est-asiatique et indien, les Etats-Unis doivent, disent Meredith et Lebard, mobiliser un contre-alliance regroupant la Corée, la Chine, Taïwan, l'Indonésie, l'Australie, les Philippines et Singapour.
- L'Indonésie et la Chine constituant les enjeux majeurs de cette confrontation.

Robert STEUCKERS,
Forest-Flotzenberg, juillet 1997.

BIBLIOGRAPHIE

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