Lev Kopelev : Espoir et années allemandes
Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1994
Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1994
♦ Lew KOPELEW, Und dennoch hoffen - Texte der deutschen Jahre, Hoffmann & Campe, Hamburg, 1991, 223 p.
Lev Kopelev
est moins connu en France qu'en Allemagne. Né en 1912, ce philosophe et
germaniste issu de l'Université de Kharkov en 1941, a connu les
rigueurs du front de 1941 à 1945. Officier détaché à la propagande pour
les prisonniers allemands, il est arrêté en avril 45 pour “pitié à
l'égard de l'ennemi”. Il a connu dix ans de camp et ne revient à Moscou
qu'en 1956, où il entame une carrière universitaire. Cet ami de
Soljénitsyne émigre en RFA en 1980 et perd sa citoyenneté soviétique;
il entame en Allemagne une brillante carrière d'écrivain et d'historien. On lui doit
notamment de remarquables études sur les rapports germano-russes au
cours des 4 derniers siècles.
Und dennoch hoffen
est un recueil rétrospectif d'articles rédigés au cours de son exil
allemand. Outre les sentiments d'un dissident qui a senti le souffle
terrible de l'histoire dans sa chair, qui a été broyé par la machine
totalitaire, en a combattu une autre, a assisté aux purges les plus
sanglantes de l'histoire, ce recueil contient de longues digressions sur
les rapports germano-russes, thématique la plus prisée chez ce brillant
germaniste : « Les affinités électives entre Allemands et Russes —
écrit-il — [signalent] les liens “intranchables” entre les deux peuples
». Très intéressante est sa description du “Tout-Berlin russe” des
années 20, où se bousculaient 360.000 des 2 millions d'exilés de
l'époque ! Parmi eux, des noms aussi prestigieux qu'Andreï Belyi, Nikolaï Berdiaev, Vladislav Khadassevitch, Boris Pasternak, Léon Chestov, Marina Zvetaïeva, etc.
Lev
Kopelev est un “libéral” (gorbatchévien), un “humaniste” tranquille, un
“cosmopolite” à l'ancienne mode, un “cosmopolite” goethéen pourrait-on
dire. Sa voix n'est donc pas celle d'un “nationaliste”, même s'il admet
que le “nationalisme de libération” peut se justifier, à condition de ne
pas se pétrifier, même s'il condamne la “russophobie” des nationalistes
d'Asie centrale. Tolérance + ouverture au monde : tel est son message.
► Article paru sous le pseudonymede Willy Pieters, Vouloir n°114/118, 1994.
Écrivain
russe (Kiev 1912 - Cologne 1997), Lev Kopelev commence des études de
philosophie avant de partir pour Moscou, où il étudie l'allemand. En
1941, il rejoint l'Armée rouge, dont il a du mal à supporter les
exactions. À la fin de la guerre, il est condamné à dix ans de camp pour
“indulgence avec l'ennemi”. Il témoignera de cette époque dans son
livre À conserver pour l'éternité, qui paraîtra en France en
1976 mais sera interdit en Union soviétique. Exclu du parti communiste
en 1968 pour avoir manifesté contre l'intervention militaire soviétique
en Tchécoslovaquie, il finira par s'installer à Cologne, où, déchu de sa
nationalité, il poursuivra jusqu'à sa mort ses recherches de
littératures comparées russe et allemande. (Larousse)
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