Une philippique contre les “assassins de l'histoire”
Le
débat ouest-allemand récent, baptisé “querelle des historiens”, a fait
la une de tous les quotidiens et hebdomadaires de RFA. Il y a d'un côté,
ceux qui veulent accentuer encore la culpabilité allemande, ressasser
sans cesse les mythèmes culpabilisateurs, les ériger au rang de vérités
historiques intangibles. Leur méthode : l'anathème et l'injure. Cet
exercice n'a pas plu à quelques historiens célèbres dans le monde
entier, porte-paroles de leurs confrères : Ernst Nolte, Andreas
Hillgruber et Michael Stürmer. Peu suspects de sympathies à l'endroit du
nazisme, ils ont formé le camp adverse des nouveaux inquisiteurs, ceux
qui s'auto-proclament “anti-fascistes”. Ils n'ont pas accepté la
nouvelle mise au pas, le galvaudage éhonté de leur discipline déjà si
malmenée par l'idéologie ambiante, celle de la grande lessive des
mémoires. Rolf Kosiek nous a dressé un bilan clair de cette affaire qui
annonce une prochaine grande révolte des mémoires contre les escrocs
idéologiques, les nouveaux prêtres hurleurs qui veulent domestiquer,
asservir et détruire l'indépendance d'esprit et la sérénité européennes,
la vieille et pondérée éthique de Thucydide. Son bilan porte le titre
de : Rolf Kosiek, Historikerstreit und Geschichtsrevision, Grabert-Verlag, Tübingen, 1987.
La
querelle des historiens, écrit Rolf Kosiek, est révélatrice de
l'absence de liberté que subissaient les historiens dans les décennies
écoulées mais, point positif, elle indique aussi que les choses sont en
train de bouger et que les sciences historiques vont enfin pouvoir
entrer dans une époque “normalisée” et se dégager des carcans officiels.
Les historiens agressés, jadis, entraient automatiquement dans un
purgatoire et sombraient dans un oubli catastrophique, résultat de la
conspiration du silence. Désormais, ils se rebiffent et font face.
Apparaissent dès lors les premières fissures dans l'édifice érigé
artificiellement pour les besoins a posteriori de la cause
alliée, même si des mas-ses d'archives sont encore inaccessibles et si
des rumeurs courent qui disent que les documents entreposés à Londres
sont délibérément falsifiés, de façon à ne pas porter ombrage au
Royaume-Uni quand ils seront enfin à la disposition des historiens.
L'Allemagne
de l'Ouest a connu 5 cas de mise au pas d'historiens actifs dans
l'enseignement : l'affaire du Prof. Dr. Peter R. Hofstätter en 1963,
l'affaire Stielau (qui contestait l'authenticité du Journal d'Anne
Frank) en 1959, l'affaire Walendy en 1965, l'affaire Diwald
en 1978 (2 pages jugées litigieuses dans un livre de 764 pages, vendu à
des centaines de milliers d'exemplaires !), l'affaire Stäglich où
l'accusé s'est vu non seulement condamné mais dépouillé de son titre de
docteur en droit en vertu d'une loi imposée sous Hitler en 1939 ! Si
toutes ces affaires concernaient des mises en doute directes de la façon
dont l'idéologie dominante présente les rapports tragiques entre
Allemands et Juifs pendant la parenthèse hitlérienne, la querelle
actuelle ne se base pas du tout sur des arguments relatifs à cette
douloureuse question.
D'où
Kosiek distingue 2 types de révisionnisme historique : le révisionnisme
proprement dit, vivace dans la sphère anglo-saxonne et porté par des
célébrités comme B.H. Liddell-Hart, P.H. Nicoll, C.C. Transill, H.E.
Barnes, qui, tous, nient la culpabilité exclusive de l'Allemagne dans le
déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Nier l'exclusivité de la
culpabilité, ce n'est pas nier toute culpabilité mais cette nuance,
qu'acceptera tout esprit doté de bon sens, est déjà sacrilège pour les
néo-inquisiteurs. Ensuite, un révisionnisme plus marginal, et surtout
plus spécialisé, qui n'aborde que les questions propres aux rapports
germano-juifs.
Une volonté populaire diffuse de retour à l'histoire et de réappropriation d'identité
Une
sourde hostilité couvait depuis une bonne décennie contre l'arrogance
inquisitoriale : en 1976, le Président de la RFA, Walter Scheel, avait
déclaré en public, devant un congrès d'historiens, que l'Allemagne de
l'Ouest ne pouvait nullement devenir un pays purgé de toute histoire. En
1977, les historiens hessois protestèrent vivement contre le projet du
Ministère de leur Land [région] visant à supprimer purement et simplement la matière histoire dans les Gymnasium
[lycées]. L'exposition consacrée aux Staufer à Stuttgart en 1977 permet
à plusieurs hommes politiques en vue de réitérer leur volonté de sauver
l'histoire des griffes de ceux qui veulent systématiquement
l'éradiquer. À partir de 1980, on assiste à une véritable offensive de
retour à l'histoire et à une volonté très nette de se reconstituer une
identité qui avait été provisoirement occultée ; l'exposition sur la
Prusse à Berlin en 1981 a montré que les milieux de gauche, eux aussi,
souhaitaient renouer avec l'histoire de leur pays (cf. Alain de Benoist,
Gérard Nances & Robert Steuckers, « Idée prussienne, destin
allemand », in Nouvelle École n°37, 1982).
Les
historiens, bénéficiant de cet engouement populaire pour l'identité
nationale, vont s'enhardir et amorcer un processus d'émancipation.
Helmut Rumpf, juriste et politologue de notoriété internationale,
disciple de Carl Schmitt, rappelle, dans un article de la prestigieuse
revue Der Staat (Berlin) un ouvrage capital de 1961, assassiné par la
conspiration du silence : Der erzwungene Krieg (La guerre
forcée) de l'Américain David L. Hoggan. Ce livre, épais de 936 pages,
démontrait la culpabilité britannique, notamment celle de Lord Halifax,
sur base de documents polonais, jamais étudiés à l'Ouest (sur Hoggan,
cf. Orientations n°6).
La légende de l'incendie du Reichstag
par les nazis fut, dans la foulée, réfutée par l'historien Fritz
Tobias, membre de la SPD ; Tobias avait entamé son enquête dès 1959 mais
les inquisiteurs avaient jugé que sa thèse était « inopportune sur le
plan de la pédagogie populaire » (!?). Il fallut attendre 1986 pour
qu'elle soit admise, sans pour autant être diffusée. L'historien
suisse-alémanique Wolfgang Hänel put démontrer que les affirmations de
Hermann Rauschning, consignées dans le fameux Hitler m'a dit,
sont absolument fausses pour la simple raison que l'auteur n'a jamais
rencontré Hitler plus de 4 fois et, en ces occasions, n'était pas seul.
Le Prof. Alfred Schickel, directeur de l'Institut d'Histoire
Contemporaine d'Ingolstadt, put prouver que les officiers polonais
prisonniers en Allemagne organisaient des “universités de camp”. Ce
fait, incompatible avec l'image qu'on s'est fait des relations
germano-polonaises, fut d'abord nié par les historiens officiels,
jusqu'au jour où plusieurs officiers polonais sont venus personnellement
témoigner, preuves à l'appui !
Nolte contre Habermas : la “querelle des historiens” commence !
C'est
avec un tel arrière-plan qu'a commencé la “querelle des historiens”
proprement dite, en 1986. Ernst Nolte, célèbre sur le plan international
pour ses études sur l'origine des fascismes, a déclenché la polémique
en écrivant, en substance, dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung
(FAZ), le 6 juin 1986, que “l'asiatisme” national-socialiste, exprimé
par la terreur policière, les camps et les massacres, n'est pas unique
ni originelle mais a été précédée par “l'asiatisme” bolchévique.
L'approche de Nolte était dans la droite ligne de ses options libérales :
il ne niait pas les massacres et les crimes nationaux-socialistes mais
refusait, par souci éthique, de justifier les massacres subis par ses
compatriotes par les massacres qu'ils auraient commis ou non. Cette
volonté de relativiser les faits, de les restituer à leur juste mesure
et de les dépouiller de tous adstrats passionnels, constitue une
démarche scientifique et objective, telle que tout historien sérieux se
doit de poser. Les professionnels du culpabilisme ont réagi
immédiatement, d'abord par des lettres de lecteurs à la FAZ, reprochant
à Nolte de minimiser, par comparaison avec la terreur stalinienne, les
actes du régime nazi. Wolfgang Schuller, professeur d'histoire à
Constance, fut le premier à prendre parti pour Nolte, en écrivant : « Si
l'on n'est plus autorisé qu'à écrire des choses négatives (à l'endroit
de l'histoire allemande de ce siècle, ndlr), si plus aucun lien causal,
plus aucune causalité ne peut plus être évoqués, alors nous avons une
sorte d'historiographie courtisane inversée ».
J.
Habermas, qui n'en rate pas une, saisira l'occasion pour se donner de
la publicité, en mitonnant un article farci de vitupérations et de
fulminations hautes en couleur, en traînant Nolte dans la boue, avec 3
autres de ses collègues, Andreas Hillgruber, Klaus Hildebrand et Michael
Stürmer. Pariant sur l'ignorance des masses, sachant que les médias
conformistes lui donneront une publicité imméritée, Habermas recourt
sans vergogne à l'injure, au tronquage des citations et au langage
propagandiste, sans pour autant éviter les contradictions : ainsi, il
reproche à Stürmer de fabriquer une « philosophie otanesque » (Natophilosophie), assortie de « tamtam géopoliticien », propre à une « idéologie du milieu » (Ideologie der Mitte)
qui met en danger les liens de l'Allemagne avec l'Ouest, matrice des
sacro-saintes “Lumières” ! La réponse moqueuse des agressés n'a pas
tardé : se posant comme leur avocat, Günter Zehm se gausse du
philosophe-sociologue libéral-gauchiste en faisant appel à ses propres
théories ; en effet, Habermas, voulant ancrer sa démarche dans
l'héritage rationaliste, hégélien et marxiste, a toujours opté pour les
faits objectifs contre les travestissements métaphysiques, les
engouements romantiques, les mythes mobilisateurs de type
sorélo-fasciste ou völkisch-hitlérien ; dans la querelle des historiens,
toutes ses belles intentions, il les jette par-dessus bord, comme des
ordures de cuisine par-dessus le bastingage d'un paquebot
transatlantique : contre les faits mis en exergue par les historiens, le
grand prêtre de la sociologie francfortiste évoque, trémolos feints
dans la voix, la « malédiction éternelle » qui pèse sur le peuple
allemand (et qu'il s'agit de ne pas égratigner) et la « faute
incomparable » que les générations post-hitlériennes, faites de bons
gros touristes roses et gourmands, doivent continuer à traîner comme un
boulet de forçat.
L'hystérie habermassienne contre la science historique
Ces
gamineries hystériques n'ont pourtant été que le hors-d'œuvre, les
zakouskis du maître-queue Habermas. Rudolf Augstein, rédac'chef du Spiegel,
prend le relais avec le gros sel : Hillgruber, selon le brave homme,
nierait Auschwitz et serait “un nazi constitutionnel”. Janßen et
Sontheimer, autres para-habermassiens, écrivent, sans rire et avec
quelques circonlocutions, que les résultats de toute enquête historique
doivent correspondre à des critères de « pédagogie populaire » et
renforcer la « conscience Aufklärung ». Tout autre résultat est
malvenu et doit donc être tu, occulté, dénoncé. Le nazisme est unique,
singulier et au-dessus de toute comparaison, avancent Kocka, Bracher et
Winkler, impavides devant le ridicule, puisque toute science historique
est par définition comparative, comme le sait tout étudiant de première
année.
Winkler,
qui avait bâti jadis quelques belles théories sur la particularité
allemande par rapport à l'Ouest, estime brusquement que le nazisme ne
peut être comparé avec l'URSS stalinienne ou le Cambodge de Pol Pot,
terres asiatiques, mais exclusivement avec l'Ouest et ses normes puisque
l'Allemagne est un morceau d'Occident. Après ces raisonnements spécieux
: coucou ! Qui réapparaît donc comme un diablotin d'une boîte ?
Habermas ! L'homme prend des poses de Iavhé biblique et en imite le
courroux : la faute des Allemands se transmettra de générations en
générations ad infinitum (cf. Die Zeit, 7-XI-86). On ne voit plus où est l'histoire. On voit au contraire comment se modernisent les anathèmes théologiques.
Ces
excès ont eu pour résultat de mobiliser une phalange d'historiens
agacés parmi lesquels Joachim Fest, qui, en défendant Nolte, s'insurge
contre les simplismes ânonnés à propos du national-socialisme par les
adeptes des Lumières qui, derrière un discours rationaliste-utopique sur
la liberté, asseyent sans scrupules leur propre mandarinat. Thomas
Nipperdey attaque directement la méthode de Habermas : le passé y est
dénoncé, puis, au nom du principe tout-puissant de l'émancipation,
politisé et moralisé, mieux, hyper-moralisé ; de cette manière
seulement, la voie est libre pour le monopole futur des utopies, des
“constructions” artificielles, détachées de toute continuité historique.
Un passé moralisé détruit ipso facto
l'histoire réelle, pour installer des schémas désincarnés dans lesquels
les peuples ne retrouvent pas leurs aspirations. C'est pourquoi il faut
historiciser le national-socialisme, afin de ne pas renoncer au réel et
de ne pas confisquer aux Allemands le droit de construire une
démocratie conforme aux rythmes de leur histoire. Pour le bien de la
science, on ne peut interdire aux chercheurs de s'interroger et de
solliciter témoignages et documents. Nolte renchérit : il faut éviter
que ne s'installe une situation où le passé national-socialiste est
érigé en un mythe négatif, indicateur du mal absolu, qui empêche toute
révision pertinente et s'avère ennemi de la science.
Hildebrand
rejette les arguments passionnels de Habermas en démontrant que les
thèses que ce dernier incrimine ne sont nullement neuves mais ont déjà
été débattues en Allemagne et à l'étranger depuis longtemps.
L'assassinat des Juifs, écrit-il dans Die Welt (22-XI-86), est
sans doute “singulier” dans une perspective universelle mais demeure
néanmoins inscrit dans une chaîne d'événements tout aussi tragiques de
notre siècle ; cet événement “génocidaire” a eu des précédents et des
imitations : le génocide des Arméniens, la liquidation de millions de
paysans propriétaires russes, les koulaks, l'élimination et les
déportations de peuples entiers sous le joug de Staline, les
exterminations du “communisme paléolithique” cambodgien.
Procéder
à une comparaison entre ces horreurs historiques est légitime pour
l'historien, dont la tâche est d'en dégager les constantes et d'en
comprendre les motivations, aussi répréhensibles soient-elles sur le
plan moral. Spécialiste des crimes perpétrés contre les Allemands au
cours des expulsions de 1945-46, l'historien américain Alfred de Zayas,
en prenant position dans Die Welt (13-XII-86), explique que le
processus de “démythologisation” du nazisme est en cours aux États-Unis
et en Angleterre depuis longtemps et exhorte les Allemands à
s'intéresser à ces travaux en dépit des hurlements du mandarinat établi ;
selon de Zayas, la thèse de “l'unicité” de la faute nazie est inepte et
les Allemands ne doivent pas se laisser hypnotiser ou paralyser par
Auschwitz, car, pendant la seconde guerre mondiale, il n'y a pas eu de
“monopole de la souffrance”.
Les 5 questions-clefs du débat
Au-delà de la polémique, Kosiek dégage les principaux points de discorde entre les historiens :
- 1) La démarche de révision est-elle ou non la norme de la scientificité historique ?
- 2) Le IIIe Reich revêt-il un caractère d'unicité ?
- 3) L'époque du IIIe Reich doit-elle être historicisée, c'est-à-dire doit-elle être soumise aux mêmes critères d'investigation historiques que n'importe quelle autre segment de l'histoire ?
- 4) Le problème du calcul du nombre de victimes doit-il être abordé ?
- 5) Convient-il ou ne convient-il pas d'étendre la notion de “faute collective” aux générations post-hitlériennes et, si oui, jusqu'à quelle génération ?
Au-delà
de ces 5 questions d'ordre éthique et philosophique, qui ne sont pas du
ressort direct de l'historien mais concernent immédiatement sa liberté
de travail, l'histoire contemporaine, si elle veut quitter certaines
impasses, doit aborder des terrains laissés jusqu'ici en jachère,
terrains inexplorés à cause de la terreur intellectuelle exercée par le
mandarinat. Seules des réponses allant dans un sens résolument
non-habermassien aux 5 questions ci-dessus, permettront aux historiens
d'aborder des domaines inexplorés (ou explorés seulement dans une
marginalité éditoriale non médiatisée), comme, par ex., les
exterminations staliniennes et leurs incidences sur l'histoire de
l'Europe orientale, la question de savoir si la guerre déclenchée par
Hitler contre l'URSS a été préventive ou non, les problèmes de
l'expulsion des Allemands de Silésie, de Poméranie, de Prusse orientale
et du Territoire des Sudètes.
Une
demande générale se fait jour qui comprend l'étude historique et
scientifique de ces événements, un débat public, franc et ouvert, sur
ces questions. Y répondre clairement, sans a priori
idéologique, avec sérénité, signifierait que l'histoire n'est pas une
science morte. Ne pas y répondre, persister dans l'occultation de pans
entiers de l'histoire européenne, signifierait au contraire que
l'histoire est morte, et avec elle la liberté, et que se sont réalisées
les pires appréhensions d'Orwell
concernant la manipulation du passé dans des buts de manipulation
politique. Un habermassien sincère, soucieux de transparence, de
dialogue et de publicité, hostile aux mécanismes mis en scène par
l'imagination romanesque d'Orwell dans 1984, devra
nécessairement prendre la parti des Nolte, Hildebrand, Stürmer, etc.,
malgré les dérapages, divagations et éructations récentes de son
maître-à-penser.
Dix conclusions
Quelles conclusions tirer de tout cela ? Pour Kosiek, il convient de dégager 10 leçons de cet événement :
- 1) Pour la première fois, toute une brochette d'historiens établis réclame une révision des schémas historiques et un abandon franc des simplismes en vogue.
- 2) Le scandale déclenché par Habermas a montré l'inanité intellectuelle des dits schémas et induit bon nombre d'historiens à relire les livres oubliés de certains "révisionnistes" anglo-saxons, dont Hoggan. Une modification ad hoc des manuels scolaires devrait suivre...
- 3) Le scandale doit nécessairement déboucher sur une liberté de recherche et il doit être accordé aux historiens le plein droit au débat pour toutes questions. Les peines prévues par le code pénal pour ceux qui enfreindraient le prêt-à-penser doivent être abrogées, au nom de la liberté de recherche.
- 4) Le processus d'historicisation du national-socialisme est enclenché, volens nolens. La chape de moralisme stérilisant s'effrite pour faire place à une histoire objective.
- 5) Le délicat problème du calcul arithmétique des victimes fait une entrée discrète sur la scène universitaire.
- 6) Des domaines délaissés de l'histoire (cf. supra) vont enfin être abordés et des angles d'approche négligés, comme la géopolitique, sont en passe d'être réhabilités.
- 7) Grâce à la querelle des historiens, les camps se sont formés et les clivages clarifiés. Le refus des méthodes anti-scientifiques s'est étoffé.
- 8) Le débat s'est déroulé dans les grands journaux, ce qui a permis à de larges strates de la population de prendre acte des enjeux.
- 9) Les historiens attaqués sauvagement par les inquisiteurs n'ont rien à voir avec la mouvance dite “néo-nazie” et n'appartiennent même pas à un secteur ou l'autre du clan nationaliste ou conservateur. Preuve que les inquisiteurs ne respectent aucune nuance et n'hésitent pas à utiliser la stratégie inféconde de l'amalgame.
- 10) Ces historiens modérés, auxquels aucune insulte et bassesse n'ont été épargnées, devront désormais faire montre de solidarité à l'égard de collègues moins en vue et en proie aux attaques des nervis inquisitoriaux habituels ; ils ne pourront plus honnêtement se satisfaire de la politique de l'autruche.
►Article paru sous le pseudonyme de Luc Nannens, in: Orientations n°10, 1988.
♦ Littérature complémentaire :
- Hans-Christof Kraus, « Wissenschaft gegen Vergangenheitsbewältigung : Eine Bilanz des Historikerstreits », in Criticón n°99, 1987.
- Criticón n°104, consacré à la "querelle des historiens". Textes de H.-Chr. Kraus, Dietrich Aigner, Alfred de Zayas et Armin Mohler (où le célèbre explorateur de la Konservative Revolution démontre que Nolte, avant les incidents de l'automne 1986, avait "cimenté" quelques simplismes et fétiches historiques).
Excusez moi de vous déranger cher Monsieur, mais je ne suis pas historien, et je m'interroge : quel acte, pro-jet politique a accompagner la renaissance de l'Allemagne sur le fondement d'une réparation de la Shoa ? mis a part les réparations financières entre états, quel soucis du peuple juifs est né de la conscience de l'horreur de l'holocauste dans le peuple allemand? Par ailleurs, il est étonnant, pour moi, qui suis chrétien, de voir dans le repentir un boulet et un poids quand c'est la matière première de l'histoire, le reinvestissement de la masse d'erreur et de faute qui fait la chair d'un homme ou d'un état en construction ; ne serait il pas chrétien de penser que sans repentir tout projet politique comme toute destinée individuelle est vide de matière morale, symbolique a redresser en une claire conscience subvertie? Un projet politique ressemble a un projet philosophique : il inclut la critique ; l'horreur nazi incombe au peuple allemand et pése sur lui comme un surcroît de rigueur humaniste dont a l'heure actuel on ne perçoit pas l'exemplarité en Europe sinon sur des critères économiques fort douteux liée a l'éternel exploitation des travailleurs pauvres qui fait certes de l'Allemagne un exemple d'économie libérale mais absolument pas ce parangon de vertu humaniste et démocrate qu'on attend d'elle....enfin il me semble. Bien a vous, jerome
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