Ephémérides de janvier




Ephémérides de janvier

1 janvier 1922 : Naissance du politologue allemand Rüdiger Altmann, disciple de Carl Schmitt. Jeune volontaire de guerre en 1939, Rüdiger Altmann sera grièvement blessé au combat, démobilisé et autorisé à suivre des cours universitaires à Berlin. Il suivra ceux de Carl Schmitt, avant de continuer après guerre ses études à Marbourg, en dehors de l’orbite de Schmitt, pour ensuite devenir l’assistant de Wolfgang Abendroth à Wilhelmshaven. La spécialité d’Altmann sera de réfléchir sur le rôle croissant de l’opinion publique dans la modernité, une opinion publique qui prend de plus en plus le relais des fonctions jadis dévolues à l’Etat. Celui-ci ne cesse de perdre de l’importance, du moins sous ses formes traditionnelles. Dans un courrier que lui envoya un jour Carl Schmitt, on trouve cette phrase, en français: “L’Etat se meurt, ne troublez pas son agonie”. L’ère dictatoriale hitlérienne en Allemagne, pensaient Altmann, Abendroth et Schmitt, n’avait pas sauvé l’Etat; elle l’avait définitivement tué, tant et si bien que la dictature et l’Etat n’étaient plus que des spectres hantant la civilisation occidentale en voie de dépolitisation totale. Pour maintenir un semblant d’ordre après ce séisme, il fallait, pensait Altmann, s’efforcer de gérer une “société formée”, de préférence dirigée par un Chancelier fort (en l’occurrence Adenauer et, après lui, Ehrard). Cette “société formée”, héritière bon gré mal gré de l’Etat, n’était plus tant menacée dans ses assises par les conflits sociaux mais par la croissance luxuriante des structures créées et imposées par les intérêts “organisés”, sectoriels, syndicaux, professionnels, financiers et autres. Dans une telle perspective, le conflit, dans sa radicalité de sorélienne mémoire, est purement et simplement évacué et la société passe à un stade, en principe non conflictuel, de coopération inter-groupale, dont les accords ponctuels génèrent une dynamique permanente. Carl Schmitt estimait, pessimiste et désillusionné, que cette situation conduisait à la domination des “potestates indirectae”, des “pouvoirs indirects”, non visibles, castrateurs de l’Etat classique et du politique en soi, dont il avait été le théoricien par excellence. Le type d’Etat qui se substitue à ce dernier est un “Etat redistributeur”, qui n’est plus rien d’autre qu’une organisation sans pouvoir réellement politique, chargée de subventionner les groupes sectoriels organisés, tirant forcément à hue et à dia, au gré de leurs intérêts du moment. La “Grande Coalition” des sociaux-démocrates et des démocrates-chrétiens, qui accède au pouvoir en 1966, incarne ce passage de la société formée (dont il ne reste plus que de misérables résidus sous les coups du consumérisme émergent) à cette organisation générale redistributrice, indirecte et invisible. Altmann a aussi tenté de défendre la représentation parlementaire classique contre la partitocratie en marche, prête à occuper tous les rouages de l’Etat, pour le castrer définitivement et pour vider le politique de son sens. Son œuvre peut nous aider à combattre en Flandre et en Belgique toute résurgence du “dehaenisme” (avec sa “plomberie politique” et ses rafistolages sans projet) ou toute réédition de cette pratique pernicieuse de la “potestas indirecta” chez les démocrates-chrétiens, surtout quand ils sont alliés aux socialistes.

2 janvier 1913 : Naissance à Zellwiller en Alsace de Jean-Jacques Hatt, archéologue formé à l’Université de Strasbourg. Ses spécialités seront l’archéologie gauloise et gallo-romaine et les antiquités alsaciennes. Il a dirigé de nombreuses fouilles en Alsace et en Lorraine, notamment celles qui ont conduit à la redécouverte des tumuli de Brumathwald. Grâce à ses initiatives, l’archéologie sauve le Mithraeum de Mackwiller, également en Alsace, où les légions romaines ont stationné et où elles comptaient sans nul doute, comme partout le long du Rhin, des soldats et cavaliers sarmates et iraniens, qui ont apporté le culte de Mithra dans le nord de l’Europe. On lui doit également une interprétation nouvelle des inscriptions du chaudron celtique de Gundestrup. Hatt a mis sa vie au service de la plus longue mémoire de l’Europe, à une époque où les intellectuels traîtres font tout pour éradiquer de nos esprits nos racines les plus profondes. Jean-Jacques Hatt meurt le 2 janvier 1997, le jour même de son 84ième anniversaire. 


2 janvier 1776 : L’Empereur Joseph II d’Autriche, despote éclairé, décide d’abolir la torture dans tous ses Etats. Joseph II entend modeler son système de pouvoir sur les idées nouvelles du 18ème siècle et “se débarrasser des fardeaux inutiles du passé”. Cette volonté de se débarrasser de toutes les bonnes vieilles habitudes de la tradition lui jouera des tours, notamment aux Pays-Bas où ses réformes seront mal accueillies et considérées comme tatillonnes, si bien qu’il récoltera le sobriquet de « roi sacristain » car il avait demandé de légiférer sur la longueur et l’épaisseur des bougies et cierges destinés au culte. De même, il vexera profondément les Hongrois, en ramenant à Vienne la Couronne de Saint-Etienne, qu’il portait au titre de Roi de Hongrie. Quant au palais royal de Prague, il le transformera en caserne de cavalerie, fasciné qu’il était par tout ce qui était « utile ». Joseph II introduit dans ses Etats disparates et composites un centralisme qui ne sera guère apprécié. Cet Empereur d’ancien régime, adepte du despotisme éclairé, a néanmoins « humanisé » les pratiques judiciaires, bien avant le triomphe des idées de 1789, qui, elles, feront un usage zélé de la guillotine.

3 janvier 1940: Après avoir bloqué l’offensive soviétique, les Finlandais constatent que l’Armée Rouge s’enterre le long de la frontière russo-finlandaise et la fortifie, manifestement en vue d’une future offensive, après les grands froids. Le 3 janvier, l’aviation finlandaise lance trois millions de tracts sur Leningrad, afin de démoraliser la population soviétique et de l’informer sur la situation réelle sur le front. Deux jours plus tard, les troupes du Maréchal finlandais Mannerheim encerclent la 18ème Division soviétique au nord du Lac Ladoga. Le 8 janvier, la 9ème Division finlandaise du Général Siilasvuo écrase deux divisions soviétiques, dont elle avait préalablement coupé les approvisionnements. La tactique des Finlandais est “de laisser la faim et le froid affaiblir l’ennemi”.



3 janvier 1893 : Naissance à Paris de l’écrivain français de souche normande, Pierre Drieu la Rochelle. 


4 janvier 1672 : Naissance à Londres de Hugh Boulter, qui deviendra l'archevêque anglais d'Armagh en Irlande, ce qui faisait de lui le gouverneur quasi absolu du pays, au début du 18ième siècle, où l'ascendant des Protestants sur les Catholiques a connu son apogée. Il exerça également les fonctions de ministre de la justice en Irlande. Il était convaincu que les intérêts de l'Angleterre étaient dangereusement menacés en Irlande par la majorité catholique. Il décida donc de rendre les lois pénales plus sévères pour les Ca­tholiques irlandais que pour les Protestants irlandais, écossais et anglais qui vivaient dans le pays. Les Ca­tho­liques furent exclus par la suite du droit de vote et de toute profession de nature juridique. Il a tenté de remplacer systématiquement les Irlandais de souche par des Anglais dans toutes les fonctions ecclé­sia­stiques et politiques. Ces mesures sont à la base de toute la tragédie irlandaise ultérieure et ont encore des répercussions bien réelles en Ulster aujourd'hui.

4 janvier 1813 : Naissance à Thorngrove en Angleterre de Louis-Lucien Bonaparte, troisième fils de Lu­cien Bonaparte, frère de Napoléon. Louis-Lucien Bonaparte n'aura qu'une très brève et très insignifiante car­rière politique entre 1848 et 1851. Son activité principale fut celle d'un philologue, spécialiste des dia­lec­tes anglais et de la langue basque. 


5 janvier 1848 : Naissance à Kalofer en Bulgarie du poète épique et nationaliste bulgare Khristo Botev, é­cri­vain combattant et éveilleur de son peuple. Envoyé en Russie pour parfaire sa formation en 1863, il re­vient en 1867 en Bulgarie en étant profondément influencé par les idées des nihilistes russes. Avec son a­mi Stephan Stamboulov, il organise un mouvement nationaliste et révolutionnaire pour libérer sa patrie du joug turc. La première phase de son combat est métapolitique, car il veut une renaissance littéraire bul­gare, portée par des journaux engagés, eux-mêmes flanqués de groupes et d'organisations préparant le sou­lèvement national. En mai 1876, le peuple bulgare se soulève contre les oppresseurs turcs. Botev prend la tête d'une escouade de volontaires rebelles et meurt les armes à la main, face aux troupes ré­gu­liè­res ottomanes, le 20 mai 1876, à proximité du Mont Veslez.



6 janvier 1911 : Allemands et Russes s’entendent sur la construction d’une voie ferrée entre Berlin et Bagdad. Malgré l’Entente, les intrigues franco-britanniques et la main-mise allemande sur l’Empire ottoman moribond (ce qui déplait aux Russes), les deux puissances continentales parviennent quand même, à la veille de la première guerre mondiale, à se mettre d’accord sur une question géopolitique essentielle, qui, si elle avait été résolue à l’époque, aurait évité le déclenchement des deux conflits mondiaux et rendu inutiles les deux récentes expéditions en Irak. 


6 janvier 1940 : Louis-Ferdinand Céline n’a pas été directement mobilisé en raison des nombreuses blessures qu’il avait reçues pendant la première guerre mondiale. Il a cependant tenu à servir la France en s’engageant comme médecin dans la marine. Le 6 janvier 1940, le navire sur lequel il officie, heurte un bâtiment britannique au large de Gibraltar et fait naufrage. Céline, selon ses propres mots: “a suturé pendant quatorze heures et piqué dans tous les sens – toute la nuit coupaillé ici et là!”. 


7 janvier 1768 : Naissance de Joseph Bonaparte à Corte en Corse. Frère aîné de Napoléon, il fera surtout une carrière de diplomate et fut le négociateur principal, côté français, lors des traités de Mortfontaine (a­vec les Etats-Unis), de Lunéville (avec l'Autriche) et d'Amiens (avec l'Angleterre). De conviction républi­cai­ne très sincère, il regarde avec scepticisme le couronnement de son frère en 1804, ce qui refroidira leurs relations. En 1806, il devient roi de Naples et "républicanise" ce royaume italien, très marqué par un ca­tholicisme baroque. Ses mesures de rationalisation laïque le rendront fort impopulaire en Italie du Sud. En 1808, Napoléon le nomme roi d'Espagne, où il doit faire face à la révolte populaire. L'analyse de sa car­riè­re diplomatique, de loin la part la plus importante de sa biographie, mériterait une analyse plus ap­pro­fondie, car elle nous mettrait bien en exergue les intérêts des puissances antagonistes de l'époque, in­té­rêts qui ne cessent de revenir à l'avant-plan aujourd'hui.



8 janvier 1907 : L’économiste, issu de l’«école historique  allemande», Gustav von Schmoller, préside à Berlin un “Comité d’action pour une politique coloniale” et déclare vouloir œuvrer pour donner à l’Allemagne unifiée une politique mondiale et des colonies. Huit jours plus tôt, le rapporteur du gouvernement anglais sur les questions allemandes avait déclaré que la politique de Guillaume II visait l’hégémonie en Europe et dans le monde. Les rapports germano-britanniques commencent à s’envenimer davantage, suite à la signature de l’«Entente»  en 1904, ce qui conduira à la première guerre mondiale. 


8 janvier 1792: Comme les souverains de Prusse et d’Autriche souhaitent mobiliser tous les efforts militaires de l’Europe pour vider le chancre de la révolution française, pure fabrication des services secrets de Pitt le Jeune et non soulèvement populaire et “démocratique” comme le veulent les légendes colportées depuis lors, les Autrichiens sont contraints d’abandonner toutes les conquêtes récentes qu’ils venaient de faire dans les Balkans. A cause des voyous parisiens stipendiés par l’Angleterre, la Russie se retrouve seule face aux Ottomans de Sélim III qui tentent de profiter de l’aubaine pour réaffirmer leur présence en Serbie. Le peuple serbe est l’une des premières victimes collectives du chancre sans-culottes, on l’oublie trop souvent, car les Autrichiens, pour faire face à une France dévoyée ont dû suspendre leur protection et ramener une bonne partie de leurs troupes à l’Ouest, où l’alliance implicite de la France et de l’Autriche, sous Louis XVI et Joseph II, les avait rendues inutiles. Néanmoins, l’armée de la Tsarine Catherine II parvient à écraser les troupes ottomanes à Mashin, le 4 avril 1791. Le Sultan ne peut plus formuler d’exigences. Il devra entériner le Traité de Jassy, signé le 8 janvier 1792.

Dans les clauses de ce Traité, les Ottomans acceptent l’annexion de la Crimée à la Russie et la suzerainté russe sur la Géorgie othodoxe, libérée du joug musulman. Le Dniestr devient la frontière entre les empires russe et ottoman. Cette extension russe permet aux Tsars de dominer la Mer Noire, ce qui leur vaudra l’inimitié tenace de l’Angleterre, une inimitié qui se concrétisera lors de la fameuse Guerre de Crimée (1853-1856), où la France sera entraînée. Ensuite, la présence russe sur le Dniestr pèse sur les “Principautés” danubiennes, la Moldavie et la Valachie, que Vienne entendait dominer afin de contrôler l’ensemble du cours du Danube, jusqu’à son delta et d’obtenir ainsi une fenêtre sur la Mer Noire. Le Traité de Jassy jette donc aussi les bases de l’inimitié entre la Russie et l’Autriche, qui compliquera considérablement la diplomatie du 19ème siècle et constituera l’un des motifs de la première guerre mondiale.

Si l’on jette un coup d’oeil sur la situation actuelle dans la région, nous constatons que les Etats-Unis ont repris en quelque sorte le rôle de la thalassocratie anglaise: ils sont les protecteurs de la Turquie, en dépit d’une mise en scène où celle-ci fait semblant de branler dans le manche et d’adopter, avec Davutolgu, une diplomatie autonome; en tant qu’héritiers de la politique pro-ottomane de l’Angleterre du 19ème siècle, ils veillent aussi à détacher la Crimée de la sphère d’influence moscovite, en pariant sur le contentieux russo-ukrainien et, aussi, à arracher la Géorgie orthodoxe à l’influence russe. Les Etats-Unis ont pour objectif de défaire les acquis du Traité de Jassy de 1792. Nous constatons également que la frontière sur le Dniestr constitue aujourd’hui aussi un enjeu, avec la proclamation de la  république pro-russe de Transnistrie, face à une Moldavie qui pourrait se joindre à la Roumanie et, ainsi, se voir inféodée à l’OTAN et à l’UE. 


8 janvier 1784 : Le Sultan ottoman est contraint de céder la Crimée à la Tsarine Catherine II. Celle-ci avait pour politique principale d’étendre la Russie vers le Sud, vers la Mer Noire et le monde grec. Elle avait tourné le dos à la politique russe antérieure, qui était de prendre la Baltique toute entière et d’affronter, pour y parvenir, le royaume de Suède et la Pologne. Catherine II tourne donc toutes ses forces vers le Sud. L’année précédente, elle avait protégé le khan de Crimée contre ses sujets révoltés, alors que ce khan était vassal de la Sublime Porte. Celle-ci est trop affaiblie pour réagir, et l’ambassadeur de France, Vergennes, dissuade le Sultan de riposter. Vergennes participe à une grande politique continentale : la France n’est plus l’ennemie de l’Autriche, car Louis XVI a épousé Marie-Antoinette ; et Joseph II, Empereur d’Autriche, qui a succédé en 1780 à sa mère Marie-Thérèse, souhaite la paix avec la France et avec la Russie. Implicitement, il existe à l’époque un Axe Paris/Vienne/Saint-Pétersbourg, donc une sorte de bloc eurasiatique ou eurosibérien avant la lettre. Quand Catherine II prend la Crimée, en rêvant d’y réaliser une synthèse russo-germano-grecque, l’Empereur Joseph II gagne pour l’Autriche le droit de faire circuler ses navires dans les Détroits. Contrairement à ce qui va se passer à la fin du 19ème siècle, après l’occupation de la Bosnie par les Autrichiens en 1878, il n’y avait pas, au départ, d’animosité russo-autrichienne, mais un franc partage des tâches, dans une harmonie européenne, que la révolution française, invention des services de Pitt le Jeune, va ruiner.



10 janvier 1895 : Naissance à Linz en Autriche du grand helléniste allemand Fritz Schachermeyr. Formé dans les universités prestigieuses de Iéna, Heidelberg, Graz et Vienne, il rénovera de fond en comble les études helléniques, avec d’importants ex cursus sur les Hittites et les Etrusques, et donnera une consistance réellement vitaliste et existentiel aux études classiques sur la Grèce antique. 


10 janvier 1356: L’Empereur du Saint Empire Romain de la Nation Germanique, Charles IV,  proclame la “Bulle d’Or”, un édit impérial qui fixe les règles déterminant l’élection des rois germaniques et les droits des princes électeurs (Kurfürsten), sans prévoir un quelconque assentiment du Pape. Les électeurs sont au nombre de huit: les archevêques de Cologne, de Mayence et de Trêves, le roi de Bohème, le comte palatin du Rhin, le Duc de Saxe-Wittemberg, le margrave de Brandebourg.

10 janvier 1929 : Sous l’impulsion de l’Abbé Norbert Wallez, rédacteur en chef du quotidien catholique belge « Le Vingtième Siècle », qui est flanqué d’un supplément destiné à la jeunesse, le « Petit Vingtième », Georges Rémy, alias « Hergé », crée le personnage de Tintin. Celui-ci est un reporter du « Petit Vingtième » et ses aventures seront relatées sous la forme de bandes dessinées, notamment, celles qui le mèneront au « pays des Soviets ». Cet art, que l’on nommera bientôt le « 9ème Art » sort des revues spécialisées pour les enfants pour entrer dans la grande presse quotidienne. Au même moment, d’autres héros de BD apparaissent dans la presse américaine, tels Spud, Popeye (le 1 juillet 1929) et Dickie Dare. Aucune étude approfondie n’a encore été faite sur les motivations de l’Abbé Wallez, sur les raisons qui l’ont poussé à adopter cette politique éditoriale. On peut d’ores et déjà dire ceci : 1) le Primat de Belgique, le Cardinal Mercier, avait élaboré une philosophie de l’action et du devoir, partiellement inspirée du philosophe français Blondel ; Tintin est un homme d’action qui obéit à son devoir et sert de modèle au mouvement scout catholique, très présent dans la vie sociale belge de l’époque ; 2) au niveau littéraire, le catholicisme de l’époque est très marqué par l’œuvre de l’Anglais Chesterton, qui exalte « l’esprit d’enfance », qu’il s’agit de conserver dans un monde adulte devenu de plus en plus désenchanté, où l’élan héroïque, le sens du devoir moral ou éthique disparaît ; il faut donc un héros pour les « jeunes de 7 à 77 ans », c’est-à-dire pour ceux qui, obéissant au vœu de Chesterton, entendent garder l’élan et les idéaux de la jeunesse, ou le « cœur pur » de l’enfance (« Cœur Pur », ne l’oublions pas, est le nom honorifique que donnent à Tintin les moines de la lamaserie tibétaine, qui l’ont recueilli, avec le Capitaine Haddock, alias « Tonnerre Grondant » dans le bel album « Tintin au Tibet »).



11 janvier 1944 : Les anciens dirigeants fascistes De Bono, Gottardi, Ciano, Pareschi et Marinelli sont fusillés à Vérone, à la suite d’un procès commencé trois jours plus tôt. Ces hommes s’étaient désolidarisés de Mussolini en juillet 1943, lors d’une séance houleuse du “Grand Conseil Fasciste”. Les ultras et les partisans de la fidélité à l’alliance allemande avaient réclamé la tête de ces “traitres”. L’exécution prend des allures de tragédie grecque dans la mesure où Ciano est le mari d’Edda Mussolini, la fille préférée et adorée du Duce.

12 janvier 1893 : Naissance à Reval (Tallinn) en Estonie du philosophe Alfred Rosenberg, considéré comme l’exposant majeur de l’idéologie nationale-socialiste. Il étudiera l’architecture dans sa ville natale et à Moscou. Il quitte la Russie pour se réfugier à Munich, à la suite de la révolution bolchevique,et y rencontre Hitler et les premiers militants nationaux-socialistes. Il finit par diriger l’organe quotidien du parti, le “Völkischer Beobachter” et conservera cette position jusqu’en 1937. Rosenberg pose comme ennemis de la nation allemande les Juifs, les francs-maçons et les églises chrétiennes (sinon le christianisme dans son ensemble). Sa volonté était de créer une école du parti, où les cadres auraient été formés selon les critères de son idéologie personnelle. Ce projet ne s’est jamais réellement concrétiser et le philosophe d’origine balte restera toujours un marginal au sein de la hiérarchie nationale-socialiste. Pour comprendre de manière succincte les grandes lignes de sa pensée,
cf. : http://www.shoa.de/p_alfred_rosenberg.html  . Accusé d’avoir préparé idéologiquement la guerre  et d’avoir participé à la gestion des territoires soviétiques occupés, Alfred Rosenberg sera traduit devant le tribunal de Nuremberg, qui le condamnera à mort. Il est exécuté en octobre 1946.  L’acte d’accusation se trouve in extenso en langue anglaise sur le “net” : http://www.ess.uwe.ac.uk/genocide/Rosenberg.htm  .

12 janvier 1907 : Insurrection à Téhéran, à la suite de l’échec des pourparlers entre le Shah Mozaffer ed-Din et les notables de l’Empire perse. Ceux-ci réclament l’institution d’un parlement sur le modèle européen. Le Shah, conservateur et appuyé par les forces conservatrices russes, s’oppose à l’occidentali­sation, voulue surtout par les Britanniques, qui agissent en sous-main, pour prendre indirectement le contrôle du pays, ce qui relierait leurs possessions d’Afrique (dont l’Egypte) à celles des Indes. 


13 janvier 1927 : Le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique mobilise 400.000 marines. Le but de cette importante mobilisation en temps de paix ? Menacer le Mexique voisin pour qu’il paie ses dettes aux pétroliers américains qui exploitent les gisements mexicains. La collusion entre le gouvernement américain et les pétroliers ne date pas d’hier. En 1927, le Mexique a failli subir le même sort que l’Irak en 1991 et en 2003. L’idéal à atteindre, c’est de laisser à chaque pays le soin et le droit d’exploiter ses propres ressources. 


14 janvier 1845 : Naissance à Londres de Henry Charles Keith Petty-Fitzmaurice, 5ième Marquis de Lans­dow­ne. Il deviendra vice-roi du Canada et des Indes. A ce titre, outre ses nombreuses réformes et projets d'a­ménagement du territoire, il parvient à agrandir le "pré carré" indien de l'Empire britannique en in­cluant le royaume indépendant du Sikkim dans le dominion britannique des Indes en 1888. Il établit une fron­tière avec le Tibet. Les régions de Hunza et de Nagar, le long de la frontière afghane, sont annexées à leur tour en 1892. Avec Sir Durand, il négocie avec les Afghans pour fixer une frontière claire entre les In­des britanniques et leur pays, qui s'appellera le "Ligne Durand", dont on a reparlé récemment lors de l'in­vasion de l'Afghanistan par les troupes américaines, fin 2001. De même, après cet accord anglo-afghan, une ligne de chemin de fer est installés de Quetta à la Passe de Bolan, permettant d'organiser de bonnes com­munications jusqu'à Kandahar, capitale du mouvement des talibans. Francophile, il laisse carte blan­che aux Français au Maroc en 1901, refusant d'accorder une protection anglaise au Sultan. Le 30 janvier 1902, il signe un traité d'alliance avec le Japon, prélude à une coalition tacite contre la Russie. Il re­nou­vel­le ce traité en pleine guerre russo-japonaise. Lansdowne est ainsi l'artisan de la dissolution program­mée de la Russie. En 1904, il travaille à aplanir tous les différends coloniaux avec la France, car celle-ci, af­fai­blie, n'est plus l'ennemi principal sur le continent : ce rôle est désormais dévolu à l'Allemagne de Guil­laume II, surtout parce qu'elle cherche à se doter d'un instrument redoutable: une flotte, telle que la théo­rise l'Amiral von Tirpitz. Une biographie à relire, surtout pour comprendre les racines du conflit af­ghan.



14 janvier 1984 : Mort à San Diego de Raymond Albert Kroc, né en 1902 à Chicago, l’homme qui établit la première franchise pour les “restaurants” MacDonald. Kroc imaginait que la restauration devait se baser sur les mêmes principes simplificateurs que la construction automobile, mise à la chaîne sous l’impulsion de Henry Ford. Pour ce Monsieur Kroc, manger est une “activité industrielle comme une autre”, nécessitant une organisation logistique rigoureuse. Songez-y lorsque vous préparerez votre muesli matinal... Pour diriger ses “restaurants”, Kroc ne cherchait pas des chefs cuisiniers mais des vendeurs... Sans rire, ce mangeur industriel en chef a créé une école d’hamburgerologie, où ces vendeurs non gastronomes devaient subir une formation pour apprendre à gérer un MacDo. Sur le plan politique, signalons que Kroc a offert 200.000 dollars pour la campagne électorale de Nixon. Pourquoi? Parce qu’on lui reprochait d’engager trop de mineurs d’âge. Nixon lui a promis d’abaisser l’âge légal, ce qui lui permettait de payer ses employés à 80% seulement du salaire minimal. Kroc aimait se faire photographier en mangeant des hamburgers à pleines mains, exhibant celles-ci, baguées à tous les doigts. Bonjour la discrétion et le bon goût... “ J’ai un large ego », disait-il de lui-même. Un Américain grossier, mais finalement plus hâbleur que le sinistre Mr. Pump moqué par Hegé dans sa série “Jo, Zette et Jocko”.


15 janvier 1821 : Depuis l’expédition de Bonaparte en Egypte et ses tentatives de prendre pied en Palestine et en Syrie en 1798-99, l’Angleterre s’est faite la protectrice de l’Empire ottoman; elle réitérera cette protection contre l’Egypte de Mehmet Ali en 1839 et contre la Russie, lors de la guerre de Crimée et lors de l’offensive russe vers la Bulgarie et la Thrace en 1877-78, où les armées orthodoxes ont campé aux portes de Constantinople. L’Empire ottoman se situait sur la route des Indes, était bien présent en Méditerranée orientale, d’où la Sainte Ligue n’avait pu le déloger après la bataille de Lépante (1571) ni libérer Chypre; au 17ème siècle, les Ottomans, malgré leur ressac, avaient même pu conquérir la Crète, dernier bastion vénitien. Aucune puissance, aux yeux de l’Angleterre ne peut donc subjuguer cet Empire ottoman en pleine déliquescence ni acquérir des zones stratégiques lui appartenant. Si ces zones demeurent ottomanes, elles sont en quelque sorte neutralisées et ne servent pas de têtes de pont à une puissance européenne capable de rompre les communications entre la Grande-Bretagne et les Indes. Seule l’Angleterre, bien entendu, qui donne sa garantie à la Sublime Porte, mais tente de grignoter les côtes de son empire moribond ou d’occuper les points stratégiques éloignés de Constantinople, difficilement contrôlables et gérés par des potentats locaux, dont la fidélité est assez aléatoire. En 1821, avant que ne se consolide le pouvoir de Mehmet Ali en Egypte et avant que ne se déclenche la révolte grecque que soutiendront finalement, après bien des hésitations, Anglais, Français et Russes, la Royal Navy bombarde le port de Mokka au Yémen du 4 au 20 décembre 1820, afin de faire fléchir l’Imam local. Le 15 janvier 1821, celui-ci accepte les “capitulations” qui lui sont imposées: il doit respecter les “droits du résident anglais” et reconnaître la juridiction britannique sur tous les sujets de Sa Majesté vivant ou circulant au Yémen. En outre, il doit limiter les droits d’entrée de toutes les marchandises anglaises qui arrivent sur son territoire: c’est une application claire et nette des principes de l’ “impérialisme libre-échangiste”, pratiqué par l’Angleterre au 19ème siècle qui vise à lui assurer des débouchés, à briser les résistances locales et les barrières douanières et à garder les monopoles qu’elle a acquis en tant que première puissance industrielle. Quelques mois plus tard, les Anglais placent sous la protection de leur flotte l’Emir de Bahrein. La thalassocratie britannique est dorénavant présente à l’entrée de la Mer Rouge et dans le Golfe; elle en verrouille les accès. Petit à petit, elle se rend maîtresse de l’Océan Indien, océan du milieu, garant, pour qui le contrôle, de la maîtrise du globe. La logique de cet impérialisme, et les pratiques destinées à en assurer la longue durée, seront théorisées tout au début du 20ème siècle par deux géopolitologues: Halford John Mackinder et Homer Lea. Mutatis mutandis, ces règles servent encore pour étayer la stratégie américaine au Moyen Orient, en Afghanistan et au Pakistan, cette fois, sans la maîtrise directe de l’Inde, mais avec la maîtrise d’une île minuscule, celle de Diego Garcia, où se concentre un arsenal moderne de bombardiers lourds à long rayon d’action et une flotte, épaulée par des porte-avions, véritables îles mobiles capables de frapper l’intérieur des terres sans donner prise à un ennemi dépourvu d’armes de ce genre.



17 janvier 1878 : Naissance à Wismar du célèbre germaniste et scandinaviste allemand Gustav Neckel.

19 janvier 1919 : Lawrence d’Arabie est en France, à Paris. Radio Lyon l’interroge et il déclare : «Les Arabes se tournent vers l’Amérique, qu’ils estiment la protectrice la  plus puissante de la liberté de l’homme». Lawrence constate, pour la première fois, que les Etats-Unis vont déployer toutes leurs énergies dans la péninsule arabique, afin d’y installer leur hégémonie au détriment des Britanniques et de toutes les autres puissances européennes. Le 3 janvier 1919, le Roi Faysal signe un accord avec les sionistes de Chaïm Weizmann. Le 23 janvier , Lawrence présente le souverain arabe au Président Wilson. Le 29 janvier, les Egyptiens refuse l’ébauche d’un royaume arabe tel qu’il a été esquissé à Paris. La question arabe de Palestine et toute la problématique du Proche-Orient viennent de naître. 


19 janvier 1940 : Mort à Washington, D. C., de William Edgar Borah, Sénateur républicain de l'Idaho pen­dant 33 ans. Opposé systématiquement à la centralisation des Etats-Unis, Borah était également un isola­tion­niste conséquent en matières de politique étrangère. Il fut l'un des principaux artisans du refus amé­ri­cain de rejoindre la SdN, qui était pourtant une idée du Président Wilson. Borah a milité après 1918 pour un désarmement généralisé, ce qui a conduit au fameux Traité des Cinq Puissances, signé à Washington le 6 février 1922. Ce Traité, d'un point de vue européen, est toutefois un désastre, car les flottes italienne et française ont été réduites à leur plus simple expression par la volonté des Etats-Unis et de la Grande-Bre­tagne. Conservateur et isolationniste, diplomate de l'école classique, Borah demande toutefois que Wa­shington reconnaisse l'Union Soviétique. Borah, refusant les interventions américaines en Europe et en A­sie, plaide pour un projet de "Bon voisinage" avec les pays d'Amérique latine et s'insurge contre les me­sures visant à mettre le pétrole mexicain sous tutelle néo-coloniale en 1926-28. Borah voulait que les pays latino-américains soient correctement considérés et que Washington ne leur impose pas de "traités iné­gaux". Son isolationnisme le conduit à accepter certaines formes de protectionnisme, par conséquent il sou­tient bon nombre de mesures préconisées par le New Deal de Roosevelt. A partir de 1939, il s'oppose à tou­te intervention américaine en Europe, rejoignant ainsi les Républicains hostiles à la politique de Roo­se­velt.




19 janvier 1940: Il est un plan concocté par les Franco-Britanniques en 1940 que l’on oublie généralement de mentionner dans les histoires de la seconde guerre mondiale: celui que Daladier a demandé à Gamelin de mettre au point pour attaquer l’URSS, alors alliée à l’Allemagne dans le cadre du pacte germano-soviétique ou pacte Molotov/Ribbentrop, dans le Caucase, afin de s’emparer des puits de pétrole d’Azerbaïdjan et des oléoducs qui acheminent le brut dans les républiques soviétiques au Sud de la chaîne caucasienne. C’est le 19 janvier 1940 que Daladier convie Gamelin à s’atteler à cette tâche, qui n’aura pas de lendemain mais qui préfigure tout de même toute l’affaire géorgienne d’août 2008. La France, n’ayant été rien d’autre que la réserve continentale de chair à canon pour l’empire britannique, a donc été conviée à lancer une opération destinée à réaliser un vieux voeu de l’impérialisme anglais, conçu avant la première guerre mondiale, mais mis sous le boisseau car Londres avait besoin de la chair à canon russe pour éliminer l’Allemagne, non pas tant celle de Guillaume II, mais celle, plus cohérente, de l’Amiral von Tirpitz, qui entend épauler le développement industriel et commercial allemand dans le monde entier et en Amérique latine en particulier, par une flotte aguerrie, capable de se mesurer aux autres flottes de guerre de la planète. Avant de donner l’ordre à Gamelin de travailler à un plan d’invasion du Caucase méridional, le gouvernement français avait décidé le 8 janvier 1940 de créer une armée d’Orient en Syrie, sous les ordre du Général Weygand, celui-là même qui avait aidé les Polonais à refouler les Soviétiques au-delà de la Ligne Curzon, autre démarcation inventée dans les bureaux londoniens pour élargir au maximum l’espace entre l’Allemagne et la nouvelle URSS, prêtes à s’allier sous la double impulsion de Rathenau et de Tchitchérine qui s’étaient rencontrés à Rapallo en 1922. Il est évident qu’une occupation des champs pétrolifères caucasiens aurait privé également la Wehrmacht allemande de son carburant.

19 janvier 1458: L’Université de Paris octroie la première chaire de grec à Grégoire, érudit byzantin qui avait réussi à fuir Constantinople en mai 1453, quand la ville était tombée aux mains du Sultan ottoman Mehmet II. Grégoire est ainsi un des nombreux savants byzantins à s’être réfugié en Occident, et surtout en Italie, d’où partira la Renaissance.



21 janvier 1930 : Une conférence se tient à Londres pour réduire l’armement naval dans le monde. L’Italie exige d’avoir la parité avec la France. Cette conférence est la suite logique du Traité de Washington de 1922, qui visait à asseoir une hégémonie totale des puissances thalassocratiques anglo-saxonnes sur le reste des nations du monde. Ce traité de Washington est une réponse britannique et américaine à la politique de Tirpitz, car l’Allemagne est privée de tous moyens navals, et une application directe des principes énoncés par l’Amiral américain Alfred Thayer Mahan,historien des puissances navales anglaise et française au 18ième siècle et à l’époque napoléonienne. Ni la France ni l’Allemagne ne devaient encore disposer de flottes suffisamment puissantes pour pouvoir défier les thalassocraties.

22 janvier 1911 : Naissance à Vienne de Bruno Kreisky au sein d’une riche famille juive de la capitale de l’Empire austro-hongrois. Rapidement, le jeune Kreisky va rompre avec l’idéologie et la judaïté familiales, en adhérant notamment au mouvement des “Jeunes socialistes”, qui professaient un socialisme hostile à tout dogmatisme et à toute doctrine figée. En 1934, quand, tour à tour, socialistes marxistes puis nationaux-socialistes, tentent d’abattre la première république autrichienne, il se retrouve en prison. De même, en 1938, au moment de l’Anschluß, il connaît une nouvelle fois la paille humide des cachots viennois. En 1940, il émigre en Suède, où  il devient l’ami d’un autre exilé, appelé à devenir célèbre: Willy Brandt. Après la seconde guerre mondiale, il développera, dans le cadre de la deuxième république autrichienne, une politique nettement arabophile, en dépit de ses origines juives. Par ailleurs, son séjour en Suède l’induit à adopter le modèle socialiste scandinave. Cette option lui permet d’élargir considérablement la base du parti socialiste autrichien, la SPÖ. Pendant treize ans, les socialistes pourront gouverner seuls la république alpine. L’économie tourne, l’Autriche retrouve une certaine prospérité. Mais si Kreisky a su donner cohérence au socialisme autrichien dans ses dimensions économiques  et sociales, son oeuvre politique la plus emblématique reste une diplomatie de troisième voie, de non-alignement. Elle impliquait donc une ouverture au monde arabe et aux autres petites puissances non alignées, ainsi qu’une volonté de surmonter la césure du Rideau de fer, par exemple, en nouant des relations avec la RDA. En 1975, le Colonel Khadafi reçoit Kreisky en Libye. En 1982, Kreisky reçoit le Colonel libyen à Vienne, indiquant par là clairement que l’Autriche ne cesserait pas de faire valoir sa neutralité sur la scène internationale, notamment en ne tenant jamais compte des injonctions de Washington. Ni de celles de Tel Aviv. Faut-il y voir la raison d’une série  d’attentats terroristes perpétrés en Autriche, notamment contre des  synagogues? Sur ce fond fait d’explosions et d’horreurs, Kreisky est l’objet d’une tentative d’assassinat,  mais, à partir de 1980, sa  santé décline, il quitte la scène politique et meurt à Vienne, sa ville natale, le 29 juillet 1990. Kreisky a incarné la troisième voie autrichienne, comme le conservateur catholique Waldheim, également victime d’une campagne de haine internationale, et comme Jörg Haider, autre figure, libérale-populiste celle-là, qui a suscité à  son tour la haine des médias aux ordres, notamment pour sa volonté de s’ouvrir à l’Irak baathiste. Si un homme politique autrichien, fût-il juif, socialiste, conservateur-chrétien ou  libéral-populiste, entend mener une politique autrichienne, il sera immanquablement la cible des médias orwelliens :  une succession de faits historiques le prouve, faits qui devraient faire réfléchir les “hommes de gauche”, notamment socialistes, si prompts à hurler de concert avec CNN ou d’autres chaînes, quand il s’agit de Waldheim et de Haider, alors que leur compagnon de combat Kreisky, ami de Willy Brandt, avait exactement les mêmes positions que ses deux compatriotes non socialistes que nous venons de nommer. Mais les socialistes actuels, comme les libéraux qui ont la lâcheté de suivre aveuglément un pitre comme Louis Michel, sont des socialistes amnésiques, des socialistes opportunistes, des socialistes de carnaval ou, pour être encore plus précis, des socialistes de Gay Prides...

22 janvier 1949 : Après deux mois de siège, l’Armée Populaire de Libération de Mao Zedong entre dans Pékin (Beijing). A la fin de l’année 1949, l’ensemble de la Chine est devenue communiste. En décembre, les dernières villes tenues par le Kuo-Min-Tang de Chiang Kai Tchek tombent à leur tour. Quelques troupes nationalistes seulement continuent la guerilla. 


22 janvier 1840 : Décès à Göttingen en Allemagne de Johann Friedrich Blumenbach, physiologue et spé­cia­liste d'anatomie comparée. Il était devenu le père de l'anthropologie physique et avait proposé une des pre­mières classifications des races humaines. Pour établir cette classification, Blumenbach a procédé par ana­tomie comparée, notamment en mesurant des crânes ayant appartenu à des hommes de races dif­fé­ren­tes. Il a divisé l'humanité en cinq grandes races : la race caucasienne, la race mongole, la race ma­lai­se, la race éthiopienne et la race américaine. Dans Collectionis suae Craniorum Diversarum Gentium Il­lus­tra­tae Decades (1790-1828), il décrit sa propre collection de 60 crânes humains, ceux qui lui ont per­mis d'établir sa classification.

23 janvier 1722 : Mort à Paris de Henri de Boulainvilliers, Comte de Saint-Saire. Il était né dans une vieil­le famille normande en 1658. Il a étudié les humanités classiques, l'histoire de France et les sciences; a­près une carrière militaire de neuf ans, il redore le blason de sa famille ruinée et consacre le reste de ses jours à ses études. On lui doit bon nombre d'éléments de la philosophie de l'histoire, dont l'approche so­cio-psychologique des phénomènes historiques et l'intérêt pour le développement des institutions. Dans ses trois volumes intitulés Etat de la France (1727-1728), il brosse une histoire de la monarchie française jus­qu'à Louis XIV. Dans son Essai sur la noblesse de France (1732), il analyse les causes du déclin de cette no­blesse, attaque l'absolutisme de Louis XIV et examine le degré de légitimité que possèdent (ou ne pos­sè­dent plus) les institutions françaises. Boulainvilliers a jeté les bases de l'histoire comparative, a critiqué le fantasme des "droits naturels" et réclamé l'avènement d'une "science" de la politique, toutes démarches qui influenceront plus tard Montesquieu et Hippolyte Taine. Boulainvilliers critique les institutions fran­çaises sur base du droit germanique, au nom des héritages historiques, et rejette les linéaments abso­lu­tistes, qui partent de Bodin. Nous sommes ses héritiers.

23 janvier 1897 : Naissance à Cuttack, dans la région d'Orissa en Inde, de Subhas Chandra Bose, leader na­tionaliste indien, qui fit ses études à Calcutta puis à Cambridge. Revenu de son séjour en Angleterre en 1920, il adhère au mouvement de "non coopération" dirigé par Gandhi. Emprisonné pour sédition pendant trois ans à partir de 1924, il est élu président du congrès provincial du Bengale dès la fin de sa détention. En 1938, il devient Chef du Congrès National Indien. Remis en prison en 1940, il s'enfuit peu après en Al­le­ma­gne, où il recrutera des volontaires pour combattre aux côtés du Reich et de l'Empire du Soleil Levant. La fraction de son armée sous commandement japonais pénètre en Inde en 1943, venant de Rangoon en Bir­manie. Elle est néanmoins défaite par les Anglais. Subhas Chandra Bose meurt dans un accident d'avion à hauteur de Formose en 1943. Une partie des troupes qu'il a recrutées gardent le Mur de l'Atlantique dans la région de Bordeaux. Après le débarquement de Normandie, elles battront en retraite vers l'Alle­ma­gne, en perdant seulement quatre hommes dans des escarmouches avec le maquis français. Vingt-neuf sol­dats indiens, pris prisonniers après avoir été abandonnés par leur officier allemand, lié aux conjurés du 20 juillet, sont massacrés par les résistants de la dernière heure sur une place publique de Poitiers.




24 janvier 1458: Le fils du chef hongrois Janos Hunyadi, Matthias Corvin ou Corvinus, est élu roi de Hongrie à la mort de Ladislas. Janos Hunyadi, petit baron de Transylvanie, remarqué par l’Empereur Sigismond pour sa valeur militaire et ses talents d’organisateur, prendra la tête des armées hongroises et fera de son pays le bouclier principal de l’Europe contre les assauts des Ottomans. Pour parfaire ce projet de barrer la route de Vienne et du Danube aux Turcs, Hunyadi réforme l’Etat, le dé-féodalise et crée une armée populaire au départ des masses paysannes magyars. Il sera détesté des magnats, mis à contribution pour financer cette armée nombreuse, seule capable de faire barrage à la puissance ottomane. Son fils Matthias Corvin poursuivra son oeuvre, imposera aux magnats l’efficacité politique conçue par son père et donnera, face aux Ottomans, désormais maîtres de Byzance, une période de paix de plus de 70 ans à la Hongrie. Quand les magnats reprendront le dessus, ils disloqueront l’armée populaire et seront écrasés par les janissaires à Mohacs en 1526, réduisant la Croatie médiévale à des “reliquae reliquarum”, des “résidus de résidus”, et plongeant la Hongrie sous une tutelle ottomane quasi permanente, jusqu’à la fin du 17ème siècle.



24 janvier 1913 : Coup d’Etat des “Jeunes Turcs” à Istanbul. Après la guerre balkanique de 1912, le gouvernement impérial ottoman avait accepté de céder tous les territoires européens et les îles de l’Egée. Enver Pacha, qui a combattu les Italiens en Libye, et Talât, autre figure de proue du mouvement “jeune turc” pénètrent, avec quelques compagnons bien armés, dans la Sublime Porte et abattent le ministre de la guerre Nazim Pacha, qu’ils jugent responsable de la défaite. Le Grand Vizir et le Sultant acceptent le fait accompli et nomment Mahmut Sevket chef du gouvernement. La population accepte de bon gré ce coup d’Etat, qui amènera la Turquie sur des voies nouvelles.

25 janvier 1776 : Naissance à Coblence en Rhénanie du philosophe Joseph Görres. Au début de sa grande carrière de penseur politique et de théologien, il montre un enthousiasme pour la révolution française et pour le “Club des Jacobins” qui sévit dans sa ville natale, bientôt annexée à la “République”. Il part à Paris pour plaider cette annexion de la Rhénanie mais revient dégoûté des mœurs politiques parisiennes. Görres avait imaginé que la révolution allait avoir un effet bénéfique sur le plan éthique. Elle n’a généré pourtant que corruption et déni de droit et de justice. Pendant la première décennie du 19ième siècle, il se retire, entièrement désillusionné, de la politique et s’adonne aux études philosophiques, pour découvrir la “Naturphilosophie” de Schelling, le renouveau romantique allemand et la pensée mystique médiévale, ce qui l’amène, tout naturellement, à rejeter les principes secs et froids de la pseudo-pensée des “Lumières”. Dès 1814, il fonde le journal “Rheinischer Merkur”, autour duquel se forme un club politique original, critique à l’endroit des folies révolutionnaires, mais non adepte de la restauration pure et simple. Au nom d’une pensée romantique, organique et mystique, il critique sévèrement cette volonté arbitraire de restauration. Son journal est interdit et il est contraint à l’exil, en Suisse et en Alsace. Rappelé par le roi de Bavière à Munich, pour une fonction d’enseignant, il y approfondit ses études sur la mystique et sur l’œuvre de Saint François d’Assise. La vie de Görres est donc un itinéraire intéressant, dans la mesure où il prouve que les philosophades des Lumières ne valent que ce qu’elles valent, c’est-à-dire pas grand chose sinon rien, et que le recours à l’essence de l’Europe passe par une redécouverte du patrimoine mystique. Pour en savoir plus, cf.:  http://www.bautz.de/bbkl/g/goerres_j_j.shtml 

25 janvier 1922: Mussolini fait paraître pour la première fois une revue théorique, “Gerarchia”, à laquelle participeront deux grands philosophes italiens du 20ième siècle, Benedetto Croce, d’obédience libérale, et Giovanni Gentile, théoricien de l’actualisme, une philosophie activiste, existentialiste et volontariste, dérivée de la grande matrice hégélienne et considérée comme l’expression philosophique la plus pure du fascisme en tant que mouvement politique. 


25 janvier 749 : Naissance du Basileus byzantin Léon IV le Khazar. Il doit son nom à l'origine khazar de sa mère, fils du Khan de ce peuple d'Asie centrale qui avait envahi l'Ukraine. Il oscilla entre icônophobie et icônophilie tout au long de son règne, mais ne changea rien, fondamentalement, à la politique anti-icônes de son père. Sur le plan militaire, il fut celui qui forgea une alliance avec les Bulgares du Khan Telerig et qui conduisit trois campagnes pour repousser les Arabes auxquels il infligea deux défaites retentissantes à Germanicia en Cilicie en 778 et l'autre dans le thème des Arméniaques en 780. La même année, il meurt à 30 ans de la maladie du charbon, ce qui met abruptement fin à un règne qui s'annonçait glorieux, où Byzance aurait pu reprendre l'offensive en direction de la Syrie et de la Palestine. 

26 janvier 1902 : Naissance à Eibergen aux Pays-Bas du critique et philosophe néerlandais Menno ter Braak. Nietzschéen de pure eau, Menno ter Braak va systématiquement s'attaquer aux préciosités in­cru­stées dans la littérature, en se montrant souvent brusque et cassant. Cette activité d'arracheur de mas­ques et de fioritures lexicales lui vaudra le surnom de "Conscience de la littérature hollandaise". Fonda­teur du magazine littéraire Forum en 1931, il mènera une guerre sans pitié contre l'esthétisme ampoulé qui alourdit, à ses yeux, la littérature néerlandaise depuis les années 1880. Deux critères seulement trou­vent grâce à ses yeux : l'intégrité et l'originalité. Il exprime le fondement de sa pensée dans Het carnaval der burgers (= Le carnaval des bourgeois), publié en 1930. Son nietzschéisme le conduit à haïr les gesti­cu­lations politiques et les dogmes idéologiques et religieux (cf. Politicus zonder partij ; = Homme politique sans parti). Son horreur des mouvements de masse le conduit à se suicider peu après l'entrée des troupes al­le­mandes aux Pays-Bas en mai 1940.



27 janvier 1964 : La France établit des relations diplomatiques avec la Chine de Mao, contournant de la sorte l’interdit américain. Dans l’orbite réduite de l’idéologie nationale-révolutionnaire, notamment à Bruxelles sous l’impulsion de Jean Thiriart, et à Munich sous l’impulsion d’Armin Mohler, de plus en plus de voix s’élèvent pour entretenir des liens avec la Chine dans l’intention de se dégager de l’étau des deux superpuissances qui occupent l’Europe. Armin Mohler dit explicitement que les Allemands et les Français doivent parier, comme De Gaulle, sur les “Rogue States” (“Schurkenstaaten”) définis comme tels par les Américains, afin de retrouver une indépendance diplomatique sur la scène internationale. 


27 janvier 1887 : Naissance à Minneapolis, aux Etats-Unis, de l'archéologue d'origine allemande, Carl Wil­liam Blegen, qui est parvenu à dater le sac de Troie, tel qu'il fut décrit dans l'Illiade de Homère. Il dirigea les fouilles sur le site de Troie entre 1932 et 1938, parvenant, avec son équipe, à identifier neuf strates ma­jeures dans l'histoire des bâtis successifs de la ville, dont l'une présente des traces très nettes de des­truc­tions massives, indices tangibles de la Guerre de Troie. Plus tard, à Pylos, en Grèce, il découvre des ob­jets portant des lettres du Linéaire B, similaires à celles découvertes antérieurement en Crète. Il meurt le 24 août 1971 à Athènes.

28 janvier 1844 : Mort à La Haye aux Pays-Bas du Comte Johannes van den Bosch, père du "Système des Cultures dans les Indes orientales néerlandaises". Précurseur d'une approche culturelle  —et non pas sim­ple­ment quantitative, accumulatrice et économiciste—  de l'économie nationale et coloniale, Johannes van den Bosch théorise dès 1818 son système général : les masses non instruites, non habituées au travail ra­tionnel et réglementé, comme on les trouve dans les couches sociales défavorisées des métropoles et dans les populations colonisées d'Indonésie, ne raisonnent jamais en terme d'intérêt économique, de pro­fit, de rationalité économique. Par conséquent, comme il ne tient pas compte de ces facteurs non ration­nels, le système libéral habituel s'avère inefficace sur le long terme. Cette théorie trouve un écho auprès du souverain néerlandais, Guillaume I, qui donne carte blanche au Comte van den Bosch en Insulinde. Il re­staure d'abord l'autorité des chefs locaux, leur permet de cultiver leurs traditions, leur rend leurs pri­vi­lèges. Sur le plan économique et agricole, il demande simplement aux villages de réserver un cinquième de leurs terres pour faire croître des cultures destinées à l'exportation vers l'Europe, laissant les quatre cin­quièmes des terres aux villageois eux-mêmes, aptes dès lors à développer une réelle agriculture vi­vriè­re, axée sur leur besoins vitaux. Le travail sur la cinquième part des terres villageoises est certes obliga­toi­re (mais toutes les taxes sont supprimées), mais la réserve des 4/5ième donne toutes les garanties vou­lues aux paysans indonésiens. Les libéraux réagissent et torpilleront systématique les réformes intelligen­tes de van den Bosch. Une biographie à compulser pour répondre intelligemment au pillage du tiers-mon­de et à la prolétarisation douce mais croissante qui frappe toutes les couches populaires aujourd'hui.



30 janvier 1968 : Le Viet-cong communiste vietnamien lance une grande offensive, dite du “Têt” (dénomination du nouvel an vietnamien), contre les principales villes du sud du pays, afin d’en déloger les Américains et les forces indigènes qu’ils soutiennent. Du point de vue géopolitique, il s’agit d’une offensive venue de l’intérieur des terres et de l’amont des grands fleuves indochinois, qui prennent leurs sources en Chine au pied de l’Himalaya tibétain, pour en contrôler les embouchures, tenues par les forces d’une puissance hors espace, d’essence thalassocratique. La stratégie américaine en Indochine ressemblait à la stratégie suédoise du 17ième siècle, visant à contrôler l’embouchure des grands fleuves allemands prenant leur source dans le centre plus montagneux de l’Europe. La Prusse, avec sa victoire à Fehrbellin, et le Viet-cong ont rendu ces stratégies nulles et non avenues.


30 janvier 1703 : Naissance à Bordeaux de François Bigot qui fut le dernier Intendant de la "Nouvelle-Fran­ce" (le Canada) entre 1748 et 1760. Il utilisa cette position pour mettre la "Belle Province" en coupe ré­glée et s'enrichir personnellement de manière éhontée. Cette corruption affaiblit considérablement les co­lons français, qui, du coup, n'ont pas pu résister à la mainmise anglaise sur le Canada tout entier. La ge­stion désastreuse de Bigot nous enseigne que toute forme de corruption se paie cher, en matière d'in­dé­pendance et de puissance politique. Le véritable homme d'Etat doit être inflexible et combattre la cor­ruption de toutes ses forces.

30 janvier 1894 : Naissance à Sofia en Bulgarie du futur Roi Boris III, qui règnera de 1918 à 1943. Eduqué dans la foi orthodoxe, il monte sur le trône bulgare après l'abdication de son père, le 4 octobre 1918. Son premier acte politique significatif fut malheureusement d'éliminer l'honnête opposition nationale-paysan­ne, menée par Aleksandür Stamboliyski, qui doit quitter le pouvoir en 1923. La Bulgarie entre dans une è­re de turbulences civiles, où Boris III échappe à des tentatives d'assassinat et doit faire face à un putsch mi­litaire en 1934. Devenu quasiment le dictateur du pays après le départ de Stamboliyski et l'échec des mi­litaires, Boris III cherche l'entente avec l'Italie (en épousant Jeanne d'Italie), avec la Yougoslavie et l'Al­le­magne.  En mars 1941, il adhère à l'Axe (dont la Yougoslavie faisait également partie, avant de le quit­ter au début de 1941), mais, quelques mois plus tard, il refuse, par solidarité orthodoxe, de déclarer la guer­re à la Russie (même si celle-ci est communiste). Il meurt en 1943, après une entrevue orageuse avec A­dolf Hitler.

30 janvier 1953 : Décès à Berkeley en Californie de Herbert Eugene Bolton, historien américain qui a vou­lu développer une histoire générale de l'hémisphère occidental et souligner ce que celle-ci avait d'o­ri­gi­nal, de différent d'avec l'Europe. Ses recherches l'ont porté à s'intéresser de très près à l'histoire du Me­xi­que, aux colonies non anglaises d'Amérique du Nord, aux colonies anglaises différentes de treize colo­nies qui donneront naissance aux Etats-Unis. Son objectif? Donner une "épopée" à la Plus Grande Amé­ri­que. Bolton est ainsi un historien continentaliste, qui critique l'historiographie conventionnelle des Etats-U­nis, trop axée sur son héritage anglo-saxon, au détriment de tous les autres, y compris l'hispanique.

31 janvier 1830 : Naissance à West Brownsfield, aux Etats-Unis, de James Gillispie Blaine, homme politi­que républicain et diplomate qui lança, à la suite de la Doctrine de Monroe, le "Mouvement Pan-A­mé­ricain", cheval de Troie des Etats-Unis en Amérique hispanique. Il envisageait un système d'arbitrage in­ter-américain, afin de faire disparaître les points de friction entre les diverses républiques issues de l'an­cien empire colonial espagnol. En 1881, sous son impulsion, une première "conférence inter-amé­ri­caine" a lieu, qui se donne pour objectif d'éviter toute guerre dans l'hémisphère occidental. Son projet d'u­nion douanière panaméricaine échoue en 1889. Blaine était un théoricien du protectionnisme mais, fa­ce à un protectionnisme nord-américain trop prononcé (les tarifs imposés par le McKinley Bill de 1890), il pro­posa un assouplissement, de façon à consolider les liens commerciaux avec les pays d'Amérique latine, ce qui contribuerait, à terme, à intégrer celle-ci dans une vaste entité continentale sur l'hémisphère oc­ci­den­tal. Son œuvre est intéressante à étudier dans le cadre d'une étude générale des "grands espaces", pro­tégés par des mesures économiques de facture protectionniste. Le projet, formulé par Carl Schmitt, d'un grand espace européen est à mettre en parallèle avec l'action pragmatique de Blaine aux Etats-Unis.

 




Commentaires

  1. Robert,toujours fidèle à toi-même.Te souviens-tu de Saint-Augustin et des petits soldats...et de certaines sympathies déjà affichées?
    J'échangerais volontiers quelques lignes avec toi.
    Luc Gillet,compagnon de bancs et de jeux,il y a bien longtemps déjà,mais qu'est-ce que le temps?
    lpgillet@gmail.com
    http://lpgillet.fotoloft.fr

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire