Sur Jean-Marie Benoist
4 avril
1942 : Naissance à Paris du futur philosophe Jean-Marie Benoist. De son œuvre et de
ses activités politiques, on ne retiendra pas cette hésitation confuse entre
l’anti-communisme et la droite affairiste, qui ne témoigne que d’une chose:
l’extrême difficulté qu’il y a, dans l’espace linguistique francophone,
d’insérer dans le débat et dans l’écriture journalistique et académique une
pensée réellement conservatrice et organique, qui soit sociale et généreuse.
S’il faut relire l’œuvre de Jean-Marie Benoist, comme le préconise un
philosophe et homme politique allemand contemporain, le Comte Hans Huyn, il
convient de le faire avec un oeil très critique et beaucoup de discernement. En
effet, les sources de la pensée de Jean-Marie Benoist, décédé trop tôt en 1990,
ouvrent des pistes potentielles très intéressantes : disciple de Claude
Lévi-Strauss et d’Emmanuel Le Roy Ladurie, il réfléchit aux notions de
continuités et d’identité, dénonce la “tyrannie du logos”, invite à relire
systématiquement Tocqueville et plaide pour un retour à Héraclite (“panta
rhei”). Sur fond de cette pensée féconde, il critique le marxisme répétitif,
a-critique, figé, du communisme français, caricatural et ridicule. Un programme
tout fait pour nous séduire. Malheureusement pour lui, il a été desservi par le
soutien tapageur que lui ont apporté Glucksmann et B.H. Lévy, deux
manipulateurs, dont l’anti-communisme apparent cache une option stratégique
pro-américaine, foncièrement et viscéralement anti-européenne et anti-russe.
Benoist s’est laissé ainsi embarquer dans des débats et des agitations
pétitionnaires malsaines, où l’anti-communisme n’était nullement une prise de
position organique, appelée à guérir la France de ses maux “géométriques”
(Gusdorf), mais un instrument de la puissance transatlantique, qui préparait
l’avènement d’une vulgate plus nocive encore, celle du “politiquement correct”
qui paralyse dangereusement l’exercice de la pensée aujourd’hui.
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