Un ouvrage sur les Pays Baltes
Le
conformisme intellectuel de ces cinquante dernières années nous a
empêché de juger avec sérénité une personnalité centrale du panorama
culturel italien du 20ième siècle : Alessandro Pavolini. Il nous paraît
injuste de limiter sa notoriété aux deux fonctions qu’il a occupées dans
l’Italie de Mussolini, celle de Ministre de la Culture et celle de
Secrétaire du Parti fasciste républicain. En réalité, Pavolini a d’abord
été un journaliste de très grand talent et un intellectuel raffiné. Sa
mort violente et prématurée est survenue le 28 avril 1945 sur la rive du
Lac de Côme, où il a été abattu par les partisans communistes italiens
avec le gros du dernier gouvernement fasciste. Pavolini avait voulu
suivre Mussolini jusqu’au bout. Cette fin tragique oblitère sa
biographie antérieure, nous empêche de comprendre l’itinéraire de cette
personnalité peu commune. Dans les années qui ont immédiatement précédé
l’épisode sanglant et mouvementé de la République Sociale, Pavolini
avait élaboré une grandiose synthèse révolutionnaire, un existentialisme
politique et révolutionnaire qui l’a conduit à chercher la « belle
mort », quand s’effondrait définitivement le front germano-italien en
Lombardie en avril 1945. Pavolini, avant d’être capturé, avait résisté
seul ; il avait été pris prisonnier, à moitié exsangue et inconscient,
blessé au visage et au bras, serrant son arme dans la ferme intention de
continuer le combat. C’est dans cet état que les partisans l’ont traîné
sur la rive du Lac de Côme pour le fusiller. Il est mort comme son
poète préféré, l’Espagnol Garcia Lorca.
Alessandro
Pavolini avait hérité de son père, premier traducteur italien de
l’épopée du Kalevala, la passion des mondes finnois et balte. Il avait
voyagé dans les Pays Baltes dans les années 20 et 30 et rapporté un
volume de notes et d’impressions, intitulé Nuovo Baltico. Massimiliano
Soldani, premier éditeur de ce volume, avait écrit : « Dans Nuovo
Baltico, on découvre les futurs traits politiques qui, arrivés à
maturité, feront de l’ancien « Fédéral » de Florence le plus pur
théoricien d’un fascisme nouveau, ou mieux, d’un parti entièrement
rénové (…). Après la lecture de Nuovo Baltico, j’ai pu reconstituer et
mettre en exergue, avec une méthode de recherche plus précise, le rôle
particulier qu’a joué Pavolini (surtout entre 1938 et 1940) et son
influence sur le monde varié de la culture des jeunes de son époque et
sur la vie intérieure du parti.
Quand
Mussolini décide de l’appeler pour diriger le Ministère de la Culture
Populaire en 1939, le Duce connaissait certainement les caractéristiques
principales de ses projets rénovateurs. Volontairement, le chef de
l’Italie fasciste l’a imposé au système ou, mieux, aux compromis que le
système avait générés (…) ». Aujourd’hui, la deuxième édition de Nuovo
Baltico est assurée et préfacée par Luigi De Anna, un professeur italien
qui enseigne à Türkü en Finlande, une université qui dispose encore
d’un « Fonds Pavolini », dans le département de philologie finnoise et
concernant le père du Ministre fasciste de la Culture. En postface, nous
trouvons un témoignage de Maria Vittoria Pavolini, fille d’Alessandro
Pavolini. Cette nouvelle édition nous permet d’explorer plus
profondément ce courant fécond de la gauche fasciste, trop longtemps
oubliée et ignorée.
Alessandro
PAVOLINI, Nuovo Baltico, a cura di Massimiliano Soldani, con una
introduzione di Luigi De Anna e uno scritto di Maria Vittoria Pavolini,
Società Editrice Barbarossa, Milan, 1998, Lire 18.000.
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