Robert STEUCKERS :
Petite note sur Raymond Abellio
11
novembre 1907 : Naissance à Toulouse de Raymond Abellio. De son vrai
nom Georges Soulès, Raymond Abellio entre à Polytechnique en 1927 pour
devenir ingénieur des Ponts et Chaussées. Il commence par militer fort à
gauche, dans les rangs de la « gauche révolutionnaire », et se montre
favorable au Front Populaire, qui accède au pouvoir en 1936. Il entre
ainsi au cabinet de Charles Spinasse, ministre de l’Economie nationale.
De
1937 à 1939, il dirige le syndicat socialiste SFIO. Officier de génie,
il est mobilisé en 1939, fait la campagne de 1940, est pris prisonnier
et envoyé dans un Oflag en Allemagne, où il donne de nombreuses
conférences philosophico-politiques. Déçu par la gauche traditionnelle,
ses options politiques évoluent vers un révolutionnisme, non plus
marxiste ou para-marxiste, mais d’inspiration totalitaire et nationale
socialiste.
Revenu
en France dès 1941, il adhère au mouvement du cagoulard Eugène Deloncle,
qui, comme chacun le sait aujourd’hui, joue double jeu entre Londres et
Vichy. Avec André Mahé, il publie un livre-manifeste, intitulé « La fin
du nihilisme », qui est indubitablement l’ouvrage le plus clair et le
plus concis sur les projets de la nouvelle collaboration, version
maximaliste. L’ouvrage conserve pertinence et intérêt aujourd’hui
encore, tant il est significatif pour l’époque qui l’a vu éclore.
En
1945, Soulès-Abellio se réfugie en Suisse, d’où il ne revient qu’en
1952, après avoir été acquitté, vu certains services rendus, via la
Cagoule, à la résistance gaulliste. A partir de ce moment-là, il fonde
une agence d’ingénieurs-conseils et entame une carrière d’écrivain et
d’essayiste. Parmi les ouvrages les plus significatifs de
l’après-guerre, citons « L’Assomption de l’Europe » (1954), où l’auteur
appelle à l’émergence, dans toute l’Europe, d’une nouvelle caste de
prêtres, dont l’objectif n’est pas d’introduire, dans notre
sous-continent, une nouvelle forme de dévotion ou de bigoterie, mais de
conforter une nouvelle connaissance, basée sur les œuvres de Saint
Thomas, Descartes, Husserl, Nietzsche, Spinoza et Maître Eckhart.
Abellio
constatait, dans cet essai, dont on ne mesure encore ni la profondeur
ni l’intensité, que l’Europe, contrairement à d’autres civilisations,
n’avait pas encore eu de « caste sacerdotale » proprement dite, au
véritable sens du terme. L’Europe est en phase d’assomption parce
qu’elle n’a pas généré cette caste et qu’elle a connu l’hypertrophie des
castes guerrière et technocratique. En plus de cet appel à une nouvelle
caste sacerdotale, Abellio évoque la nécessité de redynamiser le culte
marial, la Vierge Marie étant la véritable déesse de l’Europe. Le
romancier et essayiste Jean Parvulesco a consacré un ouvrage remarquable
à Abellio, intitulé « Le Soleil rouge de Raymond Abellio » (paru chez
Guy Trédaniel à Paris en 1987), immédiatement après sa mort, survenue le
26 août 1986 à Nice. L’intérêt de cet essai de Parvulesco réside aussi
dans la perspective complémentaire qu’il nous offre : donner les
fondements spirituels à un futur « Axe Paris-Berlin-Moscou ».
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