Constantin Frantz (1817-1891)



Robert STEUCKERS
FRANTZ Constantin  (1817-1891)

Entrée rédigée en 1991 pour l'Encyclopédie des Oeuvres philosophiques des Presses Universitaires de France, publiée sous la houlette du Prof. Jean-François Mattéi.

Né le 12 septembre 1817 à Oberbörnecke près de Halberstadt dans la famille d'un pasteur protestant de souches allemande et huguenotte, Constantin Frantz fréquentera les Gymnasia  d'Aschersleben et de Halberstadt, puis, de 1836 à 1841, les universités de Halle, Berlin et Iéna. Il étudie les mathématiques, les sciences naturelles, la philosophie, les sciences politiques et l'histoire. Il subit l'influence de Ranke, de Schelling, des hégéliens de droite et de gauche. En 1844, il publie une anthologie de textes philosophiques de Schelling. 

L'atmosphère de l'époque était toute entière déterminée par l'esprit des pélérinages politiques à Hambach, fêtes à la fois démocratiques et nationalistes, où l'on prônait une fraternité universelle entre les peuples qui ne passait pas par l'adhésion à une philosophie universaliste mais par un amour général des différences et des spécificités. Pour les adeptes de la restauration, cette idéologie de la fraternité était qualifiée de "démagogique". Frantz sera l'un de ces démagogues, adhérant au libéralisme et à son corollaire philosophique, le rationalisme. Dans une notice autobiographique, il explique que, sous l'impulsion des idées de Schelling, il découvre rapidement les limites des concepts abstraits de cette idéologie, "concepts dont le contenu est rapidement épuisé et s'avère vite insuffisant". Le jeune Frantz fait ses premières armes dans une revue hebdomadaire, Athenäum,  l'organe des jeunes radicaux berlinois qui se nomment entre eux les "Hommes libres" et pensent être les successeurs des encyclopédistes et des révolutionnaires de 1789. Dans cette mouvance, transitent Max Stirner, Karl Marx, Friedrich Engels. Frantz y écrit un article remarqué, Über die Stellung der Fabrikarbeiter,  où il affirme que le paupérisme ouvrier doit être éliminé de la société par un surplus d'organisation, éventuellement sous l'égide de l'Etat. Réflexions qui proviennent en droite ligne d'une lecture de Proudhon et de Saint-Simon. 

Après cette expérience journalistique, qui ne dure qu'un an, l'influence de Schelling s'accentue chez Frantz; il opère d'abord un détour par Descartes puis se plonge dans la mystique de Jakob Böhme, dans Kant et Fichte, dans les Romantiques. De ces études découle, en 1843, un travail, Grundzüge des wahren und wirklichen absoluten Idealismus  (Fondements de l'idéalisme absolu, vrai et réel), qui sera très apprécié par le ministre prussien des cultes Eichhorn. Celui-ci fait entrer Frantz dans la carrière diplomatique. A partir de cette nomination, il publie plusieurs ouvrages tout en voyageant à travers l'Europe. Sa pensée politique se précise, notamment en droit constitutionnel, base de son "fédéralisme". Le Premier Ministre prussien Manteuffel l'envoie en 1851 à Paris, afin d'étudier le "communisme", idéologie jugée violemment révolutionnaire dont se méfient tous les gouvernements européens de l'époque. En 1853, il est consul prussien en Espagne. En 1856, il prend une retraite anticipée de trois ans, pendant lesquels se succèdent les ouvrages théoriques, dont les Untersuchungen über das europäische Gleichgewicht  (Etudes sur l'équilibre européen) en 1859. Comme ces études sont hostiles à la Russie, elles provoquent les protestations des diplomates du Tsar, ce qui entraîne la mise à la retraite définitive de Frantz en 1862. Frantz voudra mettre ses talents au service de la Bavière: mais son anti-prussianisme et son anti-bismarckisme, devenus virulents, le desservent au point qu'il restera exclu de la vie publique jusqu'à sa mort, survenue le 3 mai 1891, à Blasewitz en Saxe.

La dimension philosophique de l'œuvre de Frantz prend corps dans ses réflexions sur le destin de la Prusse, de l'Europe, de l'Allemagne et de la Pologne et dans sa définition du fédéralisme comme pensée et comme praxis  de la conciliation des contraires. 

Polen, Preussen und Deutschland. Ein Beitrag zur Reorganisation Europas  (La Pologne, la Prusse et l'Allemagne. Contribution à la réorganisation de l'Europe) 1848

Dans ses divers écrits publiés avant la parution de Polen, Preussen und Deutschland...,  notre auteur avait déjà pu préciser sa pensée. Il affirmait que la vocation de la Prusse se trouvait au Nord et à l'Est, dans les territoires s'étendant à l'Est de l'Elbe. La Rhénanie, estimait Frantz, était un poids mort pour l'Etat prussien. Quant à la Pologne, il pensait qu'elle avait un rôle à jouer dans l'équilibre européen: rassembler tous les Slaves non russes en un cordon sanitaire contre la Russie. Polen, Preussen und Deutschland...  visait une alliance des Germains et des Slaves de l'Ouest contre les Russes, dans un esprit dérivé de la pensée de Herder, soucieuse de préserver toutes les spécificités culturelles. Dans cet objectif, on décerne le noyau de son fédéralisme, qu'il élaborera au fil du temps. La Prusse devait former une confédération avec les Slaves de l'Ouest, tandis que l'Autriche en formerait une avec les Slaves du Sud, sans jamais chercher à les germaniser. Ces deux nouvelles confédérations germano-slaves seraient alliées à la Confédération germanique existante, augmentée de la Rhénanie. Ces trois entités, aux structures souples, respectueuses des différences ethniques et religieuses, permettraient aux petites nations périphériques (Danemark, Hollande, Belgique) de s'agréger à cette fédération ouverte, sans perdre leurs spécificités. 

Cet ouvrage constitue la base des réflexions ultérieures de Frantz, proches au départ de celles de Bismarck. Tous deux partent du constat que la Sainte Alliance est morte et qu'en conséquence l'équilibre européen est perturbé par la montée en puissance de la Russie et de la France. Après la Guerre de Crimée, la Russie avancera à nouveau ses pions en Europe, notamment dans les Balkans. Son objectif est de fonder un empire à dimensions mondiales sur les débris de la monarchie austro-hongroise et si la Prusse ne comprend pas que son destin se situe sur le cours de la Vistule, et non sur celui du Rhin, alors l'Empire russe en devenir finira par avoir sa frontière naturelle sur l'Elbe, sur une ligne partant de Hambourg pour aboutir à Trieste. Cette Russie aura pour allié naturel les Etats-Unis. Le XXième siècle, prédit Frantz, sera dominé par ces deux puissances parce que l'Empire britannique, dominant à son époque, est trop artificiel et la France est trop faible. Toutes considérations proches de celles de Tocqueville, Lorenz von Stein et Josef Edmund Jörg.

Louis Napoléon,  1852

Cet ouvrage, rédigé pour le Ministre prussien Otto von Manteuffel, qui souhaitait recevoir un rapport précis sur le coup d'Etat de Louis Napoléon, est moins connu que les textes sur le même sujet de Proudhon, Victor Hugo ou Marx. Son objet était différent: il ne s'agissait pas de polémiquer mais de procéder à une analyse sans fard des nouveaux rapports de force en France. L'auteur part du constat que toutes les légitimités dynastiques traditionnelles sont définitivement détruites en France. Le pays ne peut plus être stabilisé que par un recours aux masses et à leurs instincts, par la démagogie et la flatterie, assorties d'une poigne de fer. De telles stabilisations, fondées sur l'effervescence perpétuelle qui agite l'âme du peuple, ne durent qu'un temps, mais constituent les seuls moments d'apaisement dans l'ère post-révolutionnaire. L'ordre n'est plus un héritage à maintenir, à faire durer, mais un acte historique que l'on pose et que l'on tente de maintenir aussi longtemps que possible, afin d'éviter les horreurs de la guerre civile. Dans ce sens, le coup d'Etat de Louis Napoléon est légitime car il correspond à la nouvelle logique des choses. 

Untersuchungen über das Europäische Gleichgewicht (Etudes sur l'équilibre européen) 1859

Dans cet ouvrage très révélateur de ses démarches, Constantin Frantz commence par démontrer la nécessité d'aboutir à un équilibre entre les puissances, juxtaposées sur un même espace civilisationnel. La dernière tentative d'établir un tel équilibre en Europe, écrit Frantz en 1859, avant que l'œuvre de Bismarck n'ait atteint son point culminant, a été la Pentarchie, née du Congrès de Vienne de 1815. La dissolution de cette Pentarchie est due aux diverses tentations de pratiquer une politique mondiale extra-européenne et aux menées du "napoléonisme" (le IIIième Empire français). L'effondrement de l'équilibre pentarchique européen conduira à une implosion du système des Etats de l'Europe centrale germanique et à un accroissement en puissance de la France et de la Russie.

"Napoléonistes" français et impérialistes russes utilisent, pour favoriser cette implosion centre-européenne, la machine de guerre que constitue la "politique des nationalités". Parce qu'elle est voisine de l'Etat multinational austro-hongrois, la Russie tire le maximum de profit de cette "politique des nationalités". Les Etats germaniques d'Europe sont divisés et pour surmonter cette faiblesse doivent à la fois conserver leurs différents modes de gouvernement et unir leurs efforts dans un sens commun. Ils doivent, explique Frantz, constituer la base de départ d'une nouvelle "communauté des peuples du Couchant" (abendländische Völkergemeinschaft),  héritière de feu le Saint Empire Romain de la Nation Germanique. 

La structure organisationnelle de cette "communauté des peuples du Couchant" devra être calquée sur le pluralisme de la Confédération Germanique du XIXième siècle. La rigidité du pentarchisme issu du Traité de Vienne de 1815 a empêché la Confédération Germanique de donner la pleine mesure d'elle-même. Par ailleurs, l'expansion extra-européenne de la nouvelle "tétrarchie" de fait (Angleterre, France, Etats-Unis et Russie) implique que les trois partenaires non germaniques de la Pentarchie de droit pratiquent désormais une politique qui sort du cadre étroit de l'Europe pour s'étendre à la planète entière. La Prusse et l'Autriche doivent en conséquence abandonner le fantasme de faire partie des "cinq grands" et tourner leurs efforts vers une unification des pays de souche allemande, dans le respect fédéraliste de toutes les différences qui les innervent. Dès que cette unité dans la diversité aura été achevée, cette nouvelle union allemande étendra pacifiquement les principes fédéralistes qui l'animent à l'ensemble européen, soit la "communauté des peuples du Couchant", lui conférant automatiquement un nouvel équilibre.

Die Wiederherstellung Deutschlands (La restauration de l'Allemagne), 1865

L'objectif politique de cet ouvrage important de Frantz est de restaurer l'intégrité politique de l'Allemagne divisée au centre du continent européen. Frantz entend proposer à ses contemporains une politique qui arrêtera le morcellement indéfini du centre de l'Europe (de la Mitteleuropa).  La Confédération Germanique, créée par le Congrès de Vienne de 1815, n'est pas viable à long terme. Le morcellement de l'Allemagne signifie un recul en puissance de toutes ses composantes, un désordre permanent, un affaiblissement du caractère national, une stagnation dans le rayonnement intellectuel de la nation. La volonté d'unité se manifeste partout: en Prusse, en Autriche, dans les petits Etats allemands. L'unité est nécessaire pour l'équilibre européen, pour le commerce, la criculation des personnes. D'où, pense Frantz, il faut d'abord suggérer une confédération plus serrée. La révolution de 1848 a été un échec parce que ses protagonistes ont voulu instaurer une constitution d'un coup ou importer des modèles étrangers inadaptés à la complexité centre-européenne (constitutions anglaise, belge, suisse ou américaine). 

La nouvelle Reichsverfassung  de 1849 est tout aussi insuffisante que les projets des révolutionnaires de 1848: elle mélange, en un pot-pourri incapacitant de compromissions, des idées constitutionalistes, monarchiques, républicaines, démocratiques et centralisatrices. Pour Frantz, il faut dépasser les vieilles idées qui ont agité les esprits dans la première moitié du siècle, pour forger entre les différentes composantes de l'Allemagne un lien plus étroit, prélude à un Reich  de mouture entièrement neuve. Le caractère hétéroclite et l'impuissance de la nouvelle constitution du Reich  démontrent l'insuffisance des sciences politiques de l'époque. Celles-ci n'ont pas cherché à forger un modèle constitutionnel spécifiquement allemand, puisé dans les traditions et l'histoire du peuple allemand, mais se sont bornées à imiter des modèles constitutionnels étrangers, anglais ou français, ou à exhumer le droit romain. Pour Frantz, les associations lâches, qui unissaient jadis les tribus germaniques en lutte contre Rome, constituent un modèle à approfondir. Il permettra l'éclosion d'une Allemagne non fermée sur elle-même, gouvernée par un principe politique "agrégateur", permettant aux petits Etats périphériques des Pays-Bas, des Balkans et de la Scandinavie de joindre dans la souplesse leurs efforts à ceux du Reich.  Ce Reich  à venir demeurerait ainsi dans la logique de l'histoire allemande: ne jamais avoir sur le sol germanique continental de corps étatique fermé sur lui-même. Le modèle fédératif et "agrégateur", préconisé par Frantz, est le seul modèle véritablement universel, précisément parce qu'il refuse les enfermements propres aux Etats-Nations, issus des idées centralisatrices des Lumières et de la révolution française. 

Au cours de l'histoire, le Reich  a toujours été une agence qui apaisait les conflits. La disparition de cette instance a provoqué le chaos en Europe centrale et l'éclatement de la "Communauté des peuples du Couchant". Sans ce ciment "agrégateur", les nations européennes se sont repliées sur elles-mêmes et ont adopté des modèles constitutionnels centralisateurs, dont la France était l'exemple le plus parfait. Cette logique de division postule la restauration d'un principe "reichique" (reichisch),  exigence de la "raison pratique". La réorganisation du système des Etats européens évitera justement les enfermements stérilisants et bellogènes pour favoriser la Zusammenwirken,  l'inter-co-opération, entre les peuples européens, ce qui n'apportera pas pour autant la paix universelle, mais au moins un Bundessystem  européen, un grand espace fédéré, celui de la "Communauté des peuples du Couchant". Pour le faire advenir, ajoute Frantz, dans deux chapitres, il faudra abandonner les idées du passé, incarnées dans les partis et opérer un renversement de la pensée politique, laquelle ne pourra plus imiter servilement des modèles étrangers, mais puiser dans les traditions "agrégatrices" du Reich,  traditions authentiquement allemandes.

Die Naturlehre des Staates als Grundlage aller Staatswissenschaft (La doctrine naturelle de l'Etat comme fondement de toute science politique)  1870

Suite logique d'un opuscule propédeutique publié en 1857 (Vorschule zur Physiologie der Staaten), Die Naturlehre des Staates... part d'un constat général: tous, quelle que soit leur position, admettent que le vieil ordre s'est étiolé depuis la désagrégation de la Pentarchie, qu'aucun ordre nouveau n'a pu s'établir et que toutes les constitutions en vigueur en Europe confortent vaille que vaille des régimes provisoires. Ce désordre à facettes multiples exprime une carence générale de toutes les théories politiques scientifiques. Ces dernières doivent être réformées afin de pouvoir appréhender les réalités nouvelles.

Les gauches prônent la souveraineté populaire (Volkssouveränität),  principe révolutionnaire qui vise à renverser toutes les constitutions toute en s'avérant incapable d'en imposer de nouvelles. L'idée de souveraineté populaire est d'ailleurs intrinsèquement incapable, selon Frantz, de forger une constitution durable car elle est un principe de pur changement sur lequel on ne peut rien asseoir. Face à cette gauche radicale, nous trouvons le principe réactionnaire du droit divin, pour lequel le fondement de l'Etat doit être à l'abri de la volonté populaire et de ses vicissitudes. La volonté divine serait, aux yeux des réactionnaires, ce principe de permanence. Mais ce principe ne se laisse ni déduire de l'histoire ni codifier en un texte de référence: d'où ceux qui s'en revendiquent lui font affirmer en bout de course ce que bon leur semble. Ni en théorie, parce qu'il est hors du monde et de la société, ni en pratique, parce qu'il est instrument manipulatoire, le principe de droit divin ne laisse de place à la liberté. Entre ces deux pôles extrêmes, erre le système de la raison qui souhaite mettre un frein à la versatilité constante de la souveraineté populaire et s'opposer à la non liberté de la théocratie. 

Les lois éternelles de la raison constituent, dans l'optique des rationalistes politiques, le fondement de la constitution idéale. Mais, constate Frantz, le fait de déterminer ces lois implique de l'arbitraire, donc on retombe dans une forme de versatilité, comme le prouve la succession des régimes et des constitutions qu'a connue la France jusqu'à la prise du pouvoir par Bonaparte. En Allemagne, un Etat basé sur le principe de la raison pourrait se référer à la raison selon Kant, Fichte, Hegel ou Schelling... Les trois grands courants, théocratique, démocratique et rationnel, se sont installés dans l'esprit du public, si bien que la société est divisée en plusieurs camps fermés sur eux-mêmes qui croient tous détenir la vérité. Dans de telles circonstances, la société ne peut progresser: il faut une nouvelle doctrine englobante et synthétique. 

L'objet de Die Naturlehre...  de Frantz est de critiquer les fondements de ces trois courants, dont la caractéristique majeure commune est d'être sans assises, sans socle (bodenlos).  L'objet de Die Naturlehre...   est de donner assise à l'Etat. Pour accomplir ce travail, il faut partir de la nature même de l'Etat, plutôt que de facteurs extérieurs subjectifs comme la volonté populaire ou la raison ou la volonté divine. Pour Frantz, l'Etat  —le politique dira plus tard Julien Freund—  détient sa propre nature, son essence. On ne peut interpréter l'Etat au départ de critères juridiques ou philosophiques, sinon on court à l'échec. Cette évidence est méconnue par les praticiens et les théoriciens de la politique: ils nient l'Etat comme essence autonome. Die Naturlehre...  développe, en cinq chapitres, les fondements propédeutiques d'une doctrine de l'essence de l'Etat (méthodes, composants de l'Etat, pouvoirs de l'Etat, représentation, politique extérieure). L'objet de l'ouvrage est de mettre en exergue la Bodenlosigkeit  (l'absence d'assises, de fondements) des doctrines politiques dominantes et de proposer de nouveaux fondements pour le politique. L'idée de Reich,  conclut Frantz, procède d'une autre essence que l'Etat. Dépasser l'Etat de droit national pour accéder au Reich   qui exprime le droit des gens (Völkerrecht)  et lie le politique à celui-ci, tel est le projet formulé par Frantz. 
 
Die preussische Intelligenz und ihre Grenzen  (L'intelligence prussienne et ses limites)  1874

Ce plaidoyer anti-prussien a pour objet premier de dénoncer la limitation de l'esprit allemand à l'idée d'Etat. Frantz s'insurge contre une intelligentsia qui refuse de penser au-delà du cadre étatique. L'Allemagne prussianisée ne perçoit plus les enjeux non politiques, les questions métapolitiques, c'est-à-dire religieuses, sociales et internationales, qui se bousculent à l'avant-scène du XIXième siècle. Pourtant, l'intelligence prussienne, une intelligence entièrement mobilisée pour la construction de l'Etat, a été productive: elle a créé l'entité politique qui a unifié l'Allemagne. Mais cette intelligence, pour Frantz, est trop pragmatique et bureaucratique. Elle est de ce fait détachée des legs et sentiments hérités de l'histoire, comme l'est l'intelligence américaine. Ce refus prussien de tout ballast historique a peut-être constitué une rupture efficace avec une pensée et un passé allemands résolument a-politiques, mais a imposé simultanément une modernité anti-traditionnelle, illustrée par un style néo-classique épuré et servie par une bureaucratie mécanique; une modernité qui trouvera rapidement ses limites. Le prussianisme réduit, selon Frantz, la complexité plurielle du monde concret à l'intérêt pragmatique de l'Etat. Cette forme prussienne d'intelligence est dépourvue de littérature. La littérature allemande, expression de la pluralité infinie du monde, s'est d'ailleurs développée en dehors de l'influence prussienne, constate Frantz. Cette critique radicale du prussianisme, Frantz la retire d'une lecture de Schelling, premier philosophe à avoir aperçu les dangers de la réduction de l'esprit aux seules choses politiques.

Aufruf zur Begründung einer föderativen Partei (Appel pour la fondation d'un parti fédératif)  1875

Le fédéralisme n'est pas le particularisme, explique Frantz dans cet opuscule, simple contraire du centralisme. Le fédéralisme est tout autre chose: une tierce position supérieure au centralisme et au particularisme qui exprime l'inter-co-opération (le Zusammenwirken)  entre les différents éléments composant le corps social de la nation. En lançant son appel pour la constitution d'un parti fédératif (föderativ),  Frantz rejette explicitement les particularismes allemands de son temps (bavarois, hannovrien, etc.) et les différentes formules de constitutionalisme. Ces dernières, explique-t-il, n'ont pas de dynamique "agrégatrice"; elles ont été taillées pour des Etats achevés et clos par le truchement de la centralisation. 

Le fédéralisme, que Frantz appelle de ses vœux, ne fonctionne pas dans un système économique libéral, car le libéralisme ne reconnait pas la pluralité et les différences des fonctions sociales et des professions. Le fédéralisme n'a rien à voir avec le socialisme car celui-ci ne pose que des revendications globales abstraites qui ne séduisent qu'à coup de démagogie. Le fédéralisme frantzien rejette le principe des nationalités: comme le confédéralisme helvétique, son fédéralisme ne s'arrête pas aux barrières linguistiques et/ou ethniques. 

Le fédéralisme revendique la séparation de l'Eglise et de l'Etat; il ne se fait pas le propagandiste d'un projet de constitution reposant sur des a priori.  Il a des fondements chrétiens, dans le sens où un accord éthique lie les membres de la communauté qu'il organise. Frantz place ce plaidoyer pour le fédéralisme dans le contexte de la dissolution de la Pentarchie européenne, de la montée de la Russie et du concert européen mutilé.

Der Untergang der alten Parteien und die Parteien der Zukunft  (Le déclin des anciens partis et les partis de l'avenir)  1878

Dans la formation de l'éventail des partis en Europe, l'Angleterre et le Continent suivent deux logiques différentes. En Angleterre, le système des partis est issu de la révolution anglaise de 1688 qui n'a pas opéré une rupture radicale avec le passé médiéval. Whigs et Tories proviennent du même terreau historique. Sur le Continent, le système des partis est issu de la révolution française qui, elle, est une rupture radicale avec le passé, assortie d'un engouement pour les doctrines abstraites que l'on veut faire passer à tout prix dans le réel. Ce culte des doctrines abstraites a pour corollaire une volonté de soumettre l'autre, un non respect du droit et la violence politique. Le clivage politique majeur de l'Europe d'après la révolution française est celui qui oppose deux forces, l'une de conservation, l'autre de mouvement, toutes deux insuffisantes pour résoudre les problèmes politiques réels. 

Cette opposition entre forces de conservation et forces de mouvement crée au sein des sociétés européennes une disjonction délétère car ces partis n'existent qu'en fonction des uns et des autres, que pour se combattre. En conséquence, ils ne formulent pas de projets positifs, ne cultivent pas le souci du droit ou de la vérité et ne s'intéressent qu'à ce qui peut les faire progresser. Face aux conservateurs, aux libéraux, aux progressistes et aux démocrates, se déploient deux extrémismes, l'ultramontanisme et le socialisme, que Frantz analyse en profondeur pour les opposer à un troisième terme, le fédéralisme. Les Ultramontains, force hybride à la fois politique et religieuse, et le socialisme, idéologie de démagogues qui entendent détruire plutôt que construire, sont des forces à caractère non historique. Idéologies pures, elles n'ont pas le sens de la continuité historique. Le socialisme se réclame d'une nature, où il y a des événements mais non des actes (humains et politiques), et revendique des réformes sociales à imposer par ingénierie juridique et technique, sans référence aux legs de l'histoire. Pour Frantz, c'est là le fantasme de la tabula rasa.  Les Ultramontains placent leur vérité dans le règne de Dieu qui ne commence qu'à la mort ou à la fin de l'histoire. Celle-ci n'a par conséquent aucun intérêt; seule l'histoire de l'Eglise, comme préparation au règne de Dieu, mérite notre attention. 

A ces idéologies jugées outrancières, parce que dégagées du tissu historique concret, Frantz oppose le fédéralisme, principe de développement intérieur de toutes les sociétés, qui transcende les cadres nationaux sans biffer aucune spécificité. Le fédéralisme résoud les problèmes nés du centralisme qui a conduit à l'éclosion de corps nationaux fermés sur eux-mêmes. Pénétrant jusqu'aux derniers recoins de la société, le fédéralisme est accessible aux masses et rapproche les gouvernants des gouvernés. 

L'ultramontanisme et le socialisme sont donc deux extrêmes (comme le catholicisme et le socialisme chez Donoso Cortés), dont l'affrontement est stérile, tandis que le fédéralisme est réconciliation des contraires; il élimine les disjonctions nées de la révolution française et enclenche un processus de conjonction, qui a pour source, non une quelconque abstraction, mais le tissu historique concret. 

Dans l'histoire philosophique, l'opposition entre ultramontains et socialistes trouve son origine dans la querelle entre tenants du Règne de la Nature et tenants du Règne de la Grâce. Or la sphère de la politique ne peut s'appréhender à l'aide de critères naturalistes ou religieux, mais seulement à l'aide de critères historiques. Aux Règnes de la Nature et de la Grâce, le fédéraliste Frantz oppose le Règne de l'Histoire. Le Règne de la Nature exclut la liberté humaine par déterminisme, donc ne prend pas en compte les actes historiques. Le Règne de la Grâce n'entre pas dans le même registre que la politique car il est un état surgi après le péché et la mort. Les réalités politiques doivent donc être appréhendées par une école historique mais sans s'enliser dans des questions historiques annexes ou dans des formalités juridiques qui conduisent à "juridifier" l'Etat. 

Le livre de Frantz sur les vieux partis se termine par une réflexion sur le christianisme et la politique (vu dans la perspective de la Potenzenlehre,  la doctrine des potentialités, de Schelling) et, enfin, sur la politique et la philosophie.

Der Föderalismus, als das leitende Princip für die sociale, staatliche und internationale Organisation, unter besondere Bezugnahme auf Deutschland (Le fédéralisme comme principe directeur pour l'organisation sociale, étatique et internationale considéré tout particulièrement du point de vue de l'Allemagne) 1879

Ce livre est le fruit de longues réflexions sur les notions de "fédéralisme" et de "fédération", auxquelles Frantz donne une dimension non seulement politique mais aussi religieuse. Car, pour lui, le fédéralisme n'est pas simplement une doctrine formelle servant à tailler des constitutions pour les peuples ou à leur donner des formules toute faites pour s'administrer ou s'organiser. Il est la philosophie vivante qui sauvera l'Europe de la rigueur militariste et des sévérités désenchantantes du bureaucratisme. Il est un principe liant qui permet d'éviter deux écueils: a) le mélange indifférencié de toutes les particularités; b) les fermetures hermétiques des entités politiques et/ou culturelles sur elles-mêmes. Il est vecteur de synergies vivantes, de coopérations fructueuses au-delà de toutes les formes d'étroitesse. 

Le "fédéralisme", dans le sens où le conçoit Frantz, se déploie au départ du tissu le plus élémentaire de toute société, de bas en haut, depuis la cellule familiale et toutes les formes d'association ou d'institution humaine précédant l'Etat. Par cette référence aux institutions pré-étatiques, Frantz amorce une critique de l'omnipotence étatique (en filigrane, on décèle son vieil anti-prussianisme), du bureaucratisme et du juridisme. Son fédéralisme ramasse tous les réflexes associatifs humains afin de les fédérer et de les concilier, de les synthétiser dans un sens quasi hegelien. Le socialisme en marche est, lui aussi, injecté dans cette synthèse. Les principes dits "nationaux" (au sens de l'Etat-Nation identitaire et homogénéisant), étatiques et confessionnels doivent être dépassés en même temps que les clivages et les cloisonnements qu'ils imposent à la société allemande et centre-européenne. L'Europe connaîtra la paix si la force liante du fédéralisme frantzien suscite des agrégations fécondes tous azimuts, soit autant de dénis des enfermements nationaux, étatiques ou confessionnels. Outre Hegel et Schelling, les références de Constantin Frantz sont multiples: elles vont d'Aristote à Montesquieu, de Burke à Wilhelm Heinrich Riehl. L'objectif final du fédéralisme frantzien est donc de réconcilier les contraires, de dé-bétonner les enfermements, de faire sauter les bunkers idéologiques. L'humanité ne peut survivre, pense Frantz, que si les contraires perdent leurs contours rigoureux, si les jeux de fluidité sociale peuvent déployer leurs virtualités sans freins d'ordre idéologique ou institutionnel. 

Die deutsche Politik der Zukunft (La politique allemande de l'avenir), 3 vol., 1899, 1900, 1902

Anthologie d'écrits posthumes rassemblés en trois volumes par Ottomar Schuchardt, Die deutsche Politik der Zukunft  évoque la crise de civilisation que traverse l'Allemagne malgré son unité partielle (petite-allemande) réalisée par la Prusse bismarckienne. Le chaos demeure, pense Frantz, et doit être contré par la poigne du militarisme, qu'imite par ailleurs d'autres nations européennes. Militarisme et industrialisme refoulent les productions du génie spirituel allemand. Dans un tel contexte, le socialisme apparaît comme le salut. Devant cette arrogance des militaires et des marchands, l'Allemagne doit retrouver sa vocation culturelle. Frantz examine le contexte européen dans lequel s'achève cette militarisation et cette industrialisation de l'Allemagne. La Grande-Bretagne n'est plus simplement une île en lisière de l'Europe: elle est devenue un gigantesque empire dont le poids extra-européen déséquilibre l'harmonie du continent. Frantz souligne le danger russe et voit le péril jaune dans une alliance entre les tsars et la Chine. face à ce danger venu de l'Est, il se fait l'avocat de bonnes relations anglo-allemandes. Il formule un ensemble de suggestions pour la création d'une fédération centre-européenne (mitteleuropäischer Bund).  Le socialisme national, préconisé dans le sillage de Bismarck, porte trop de contradictions en lui; le socialisme démocratique (la sociale-démocratie) ne résolvera rien à cause de son eudémonisme démagogique. Dans cet ouvrage, Frantz analyse le statut des minorités non allemandes dans le Reich de Bismarck (Sorabes, Lorrains, Polonais, Danois, Lettons, Tchèques).
(Robert Steuckers). 

- Bibliographie: 
Grundsätze des wahren und wirklichen absoluten Idealismus, Berlin 1843, Aalen, Scientia Verlag, 1970; Philosophie der Mathematik,  Berlin 1844; Versuch über die Verfassung der Familie,  Berlin 1844; Über Gegenwart und Zukunft der Preussischen Verfassung,  Halberstadt 1846, Siegburg, Respublica-Verlag F. Schmitt, 1975; Polen, Preussen und Deutschland. Ein Beitrag zur Reorganisation Europas,  Halberstadt 1848, Siegburg, Respublica, 1969; Unsere Politik, Berlin 1850; Die Erneuerung der Gesellschaft und die Mission der Wissenschaft,  Berlin 1850, Siegburg, Respublica, 1967; Die Constitutionellen, Berlin 1851; Unsere Verfassung,  Berlin 1851; Von der deutschen Föderation,  Berlin 1851, Siegburg, Respublica, 1980; Louis Napoléon, Berlin 1852, Potsdam, Alfred Protte, 1933 (avec une préface de Franz Kemper), Vienne, Karolinger Verlag, 1990 (avec une préface de Günter Maschke); Die Staatskrankheit,  Berlin 1852; Vorschule zur Physiologie der Staaten,  Berlin 1857; Die Politik der Zukunft,  Berlin 1858; Quid faciamus nos?,  Berlin 1858; Der Militärstaat,  Berlin 1859, Aalen, Scientia, 1970; Untersuchungen über das europäische Gleichgewicht,  1859, Biblio-Verlag, Osnabrück, 1968; Die Ereignisse in Amerika,  Berlin 1861; Drei und dreissig Sätze vom deutschen Bund,  Berlin 1861; Kritik aller Parteien,  Berlin 1862; Die Quelle alles Übels. Betrachtungen über die preussische Verfassungscrisis,  Stuttgart 1863, Aalen, Scientia, 1973; Der dänische Erbfolgestreit und die Bundespolitik,  Berlin 1864; Die Wiederherstellung Deutschlands,  Berlin 1865, Aalen, Scientia, 1972; Die Schattenseite des Norddeutschen Bundes, Berlin 1870; Die Naturlehre des Staates als Grundlage aller Staatswissenschaft,  Leipzig 1870, Aalen, Scientia, 1964; Das neue Deutschland,  Leipzig 1871; Die Religion des Nationalliberalismus,  Leipzig 1872, Aalen, Scientia, 1970; Abfertigung der nationalliberalen Presse, Leipzig 1873; Die Preussische Intelligenz und ihre Grenzen, Blätter für deutsche Politik und deutsches Recht (en abrégé infra: BdPdR), n°7, Verlag des Literarischen Instituts von Dr. M. Huttler, Munich 1874 (dans la même série BdPdR,  nos. 1 à 6, s.d.: Die nationalliberale Rechtseinheit und das Reichsgericht, n°1; Was soll aus Elsaß-Lothringen werden?,  n°2; Bismarckianismus und Fredricianismus, n°3; Der Bankrott der herrschenden Staatsweisheit,  n°4; Der Nationalliberalismus und die Judenherrschaft, n°5; Die Genesis der Bismarckschen Aera und ihr Ziel, n°6) ; Aufruf zur Begründung einer föderativen Partei, BdPdR, Neue Folge, n°1, Munich 1875; Deutsche Antwort auf die orientalische Frage,  Leipzig 1877; Der Untergang der alten Parteien und die Parteien der Zukunft,  Berlin 1878, Francfort/Main, 1970; Der Föderalismus, als das leitende Princip für die sociale, staatliche und internationale Organisation, unter besondere Bezugnahme auf Deutschland, kritisch nachgewiesen und constructiv dargestellt, Mayence 1979, Aalen, Scientia, 1972; Schellings positive Philosophie, nach ihrem Inhalt, wie nach ihrer Bedeutung für den allgemeinen Umschwung der bis jetzt noch herrschenden Denkweise, für gebildete Leser dargestellt, 3 vol., Köthen, 1879/1880, Aalen, Scientia, 1968; Die sociale Steuerreform als die conditio sine qua non, wenn der socialen Revolution vorgebeugt werden soll,  Mayence 1881, Aalen, Scientia, 1972; Die Weltpolitik unter besonderer Bezugnahme auf Deutschland,  3 vol., Chemnitz, 1882/1883, Biblio-Verlag, Osnabrück, 1966; l'ouvrage posthume Die Gefahr aus Osten  a été publié dans les trois volumes de textes rassemblés par Ottomar Schuchardt sous le titre de Die deutsche Politik der Zukunft,  vol. 1, 1899, vol. 2, 1900, vol. 3, 1902.

- La correspondance de Constantin Frantz a été éditée par Udo Sautter et Hans Elmar Onnau sous le titre de Constantin Frantz. Briefe,  Wiesbaden 1974. 

- Sur Constantin Frantz: Ottomar Schuchardt, Constantin Frantz, Deutschlands wahrer Realpolitiker, Melsungen, 1896; Ottomar Schuchardt, "Constantin Frantz", in Allgemeine Deutsche Biographie, vol. 48, 1899; Eugen Stamm, Konstantin Frantz' Schriften und Leben,  1. Teil 1817-1856, Heidelberg, 1907, in Heidelberger Abhandlungen zur mittleren und neueren Geschichte, Heft 19; réimpression chez Kraus, Liechtenstein, 1976; Eugen Stamm, Konstantin Frantz, 1857-1866. Ein Wort zur deutschen Frage,  Stuttgart 1930; Eugen Stamm, Ein berühmter Unberühmter. Neue Studien über Konstantin Frantz und den Föderalismus, Constance, 1948; Heinrich Stangl, Die Bedeutung der Soziologie bei Konstantin Frantz,  Thèse en philosophie, Munich (promoteur: Alois Dempf), 1957; Paul F. Lauxtermann, Constantin Frantz. Romantik und Realismus im Werk eines politischen Außenseiters,  Groningen 1978; Eberhard Quadflieg, "Dokumente zum Werden von Constantin Frantz", in Hist. Jahrbuch der Görresgesellschaft,  53 (1933), pp. 320-357; Udo Sautter, "Constantin Frantz und die zweite Republik", in Historische Zeitschrift,  210/1970, pp. 560 et suivantes; Leonhard Lenk, "Constantin Frantz. Idealist - Romantiker - Realist (1817-1891)", in Criticón  87 (janv. fév. 1985), Munich.

- Les plus importantes évocations de l'œuvre de Constantin Frantz ont été recensées par Erich Wittenberg dans Neue Deutsche Biographie,  5. Band, Duncker & Humblot, Berlin, 1961; en français, citons: Jacques Droz, L'Europe centrale. Evolution historique de l'idée de "Mitteleuropa",  Payot, Paris, 1960; Charles Andler, Le pangermanisme,  Paris, 1915-1917; autre référence importante: Heinz Gollwitzer, Europabild und Europagedanke. Beiträge zur deutschen Geistesgeschichte des 18. und 19. Jahrhunderts,  C.H. Beck'sche Verlagsbuchhandlung, Munich, 1951, pp. 374 à 381.       

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