Jürgen Spanuth,
son Atlantide septentrionale et les peuples de la Mer
Robert Steuckers
Quand, dans la
mouvance métapolitique de la "nouvelle droite", dès la fin des années 1970, on évoquait la thèse de Jürgen Spanuth,
qui situait l’Atlantide de Platon dans la mer du Nord, plus exactement dans les
parties immergées de l’île allemande d’Heligoland, reste très réduit d’un
territoire insulaire préhistorique, protohistorique et même médiéval, nous
étions très sceptiques : nous prenions cette thèse pour une fantaisie
nordiciste reposant certes sur des indices archéologiques incontestables mais
trop ténus pour étayer toute certitude historique. Depuis lors, l’archéologie
de la protohistoire a fait des progrès extraordinaires : le passé
préhistorique de la mer du Nord, dont le fond n’a été submergé qu’entre 10.000
et 8000 avant l’ère chrétienne, est désormais mieux connu depuis l’apparition
de forêts pétrifiées au large du Pays de Galles ou de la Charente ; la
route de l’ambre qui amenait des pionniers du commerce de longue distance
depuis les régions baltiques vers la Méditerranée a également été l’objet
d’investigations archéologiques plus précises ; les bouleversements de
l’année 1177 avant l’ère chrétienne qui ont chamboulé totalement les
civilisations de la Méditerranée orientale et du Levant sont désormais mieux
connus qu’à l’époque où, pour faire connaître ses thèses au grand public,
Spanuth n’avait pas hésité à utiliser une terminologie contestable, frisant le
sensationnel, terminologie qui avait d’ailleurs suscité notre propre scepticisme.
Personnellement,
ce scepticisme avait été ébranlé très tôt, par la découverte d’un petit livre
allemand dans la magnifique librairie du Passage 44 à Bruxelles, un ouvrage dû
à la plume de Gerhard Gadow, Der
Atlantis-Streit – Zur meistdiskutierte Sage des Altertums ( = La querelle
de l’Atlantide – A propos du récit le plus discuté de l’antiquité). Gadow
rappelait, comme Spanuth, les différentes hypothèses formulées au fil du temps
sur l’Atlantide depuis le Critias et
le Timée de Platon, qui faisait
remonter le récit à Solon, le législateur athénien, qui l’aurait ramené d’un
voyage en Egypte. Le récit égyptien évoquait un puissant royaume au-delà des
colonnes d’Hercule, composé d’une île principale et de littoraux en face de
celle-ci. Ce royaume jouxtait l’Italie, avait pris pied en Libye (Cyrénaïque)
et avait conçu le projet de soumettre l’ensemble de la Méditerranée : les
armées d’Athènes et d’Egypte avaient vaincu ces envahisseurs. D’autres sources
antiques évoquent l’Atlantide : Hérodote, plusieurs décennies avant
Platon ; Elien (Claudius Aelianus), historien romain du 3ème
siècle avant l’ère chrétienne, écrivant principalement en grec ; Théopompe
de Chios, historien et orateur grec du 4ème siècle av. J.C., premier
à avoir évoqué les Etrusques et la prise de Rome par les Celtes ;
Posidonios d’Apamée, qui visita la Gaule une cinquantaine d’années avant la
conquête par César et qui nous laisse une description précise du pays et de ses
sanctuaires, confirmée aujourd’hui par l’archéologie. A l’époque contemporaine,
les thèses se sont également succédé, à commencer par celle de Jean-Baptiste
Bory de Saint-Vincent, officier napoléonien, qui situait l’Atlantide autour des
Iles Canaries, suite à un très long voyage en 1799, avec escale à Madère et aux
Canaries. Cette expédition fut l’occasion d’écrire de nombreux ouvrages de
géographie, dont le premier date de 1803 et s’intitule Essais sur Les Isles Fortunées et l'Antique Atlantide ou Précis de
l'Histoire générale de l'Archipel des Canaries. Les hypothèses
de Bory de Saint-Vincent, jugées trop éthérées par son éditeur allemand de
1804, seront prises au sérieux par le plongeur français Jean-Albert Foex
(1917-1994), mais il ne parviendra pas à les étayer par l’archéologie :
l’archipel, aujourd’hui espagnol, n’a été que tardivement peuplé par les
Guanches, ses premiers habitants. A l’époque imaginée par Platon, l’Egypte,
quant à elle, était une jungle touffue et humide, impropre à la sédentarisation
des hommes. Plus tard, l’archéologue allemand Adolf Schulten, qui avait fouillé
les restes du camp romain installé pour faire le siège de l’oppidum celtibère
de Numance, avance l’hypothèse que l’Atlantide de Platon aurait pu être la
ville andalouse antique de Tartessos, située sur la côte atlantique, au sud de
la péninsule ibérique, fondée vers 1150 par les Etrusques et détruite six cents
ans plus tard par leurs rivaux carthaginois. L’archéologie -en dépit d’un préjugé très favorable à cette
hypothèse parce que la cité antique, de pure identité ibérique, se situe sur
l’Atlantique, au-delà des « colonnes d’Hercule »- finira par l’infirmer. Schulten demeure
néanmoins le principal archéologue des sites celtibères et des guerres
cantabriques, menées par Rome contre les peuples du Nord-Ouest de l’Espagne.
Ensuite, l’hypothèse est émise d’une Atlantide située autour de l’île de Théra
dans la mer Egée, une Atlantide qui se serait effondrée suite à l’éruption du
volcan de l’île de Santorin. L’hypothèse d’une Atlantide égéenne ne tiendra pas
davantage : les nouvelles techniques de datation, de plus en plus
précises, l’infirmeront.
Carte ancienne montrant le rétrécissement de l'île d'Heligoland au fil des siècles
Spanuth a voulu énoncer une théorie nouvelle sur l’Atlantide,
au-delà du port atlantique et ibérique de Tartessos, des Canaries et de l’Egée
en évoquant une cité en mer du Nord, s’étendant à son époque de gloire autour
de l’île résiduaire d’Héligoland, vestige d’un espace insulaire jadis beaucoup
plus vaste, fleuron de l’Age du Bronze nordique et lié commercialement à la
Méditerranée et à l’Egypte par le trafic de l’ambre, lequel aurait été
l’orichalque mythique de l’Atlantide de Platon, qui est surtout, comme le
souligne Geneviève Droz, un modèle pour une cité forte et harmonieuse, à restituer
dans l’espace culturel hellénique de son époque.
Quelle fut, dès lors, la démarche de Spanuth (1907-1998) ?
Quel fut son itinéraire intellectuel ? Né à Leoben en Carinthie, il sera
favorable à l’Anschluss d’une
Autriche désormais enclavée et privée de ses ressources alimentaires et de ses
débouchés vers l’Adriatique. Ce qu’on lui reprochera jusqu’à sa mort, alors
qu’il n’a pas eu d’activités politiques proprement dites. Théologien et
archéologue de formation universitaire, il sera, de 1933 à 1978, le pasteur
évangélique du bourg de Bordelum dans le Slesvig-Holstein, Land nord-allemand
qui deviendra sa patrie d’adoption. Archéologue, il adhère à la société
d’études fondée par le Baron Bolko von Richthofen, la « Gesellschaft für
Vor- und Frühgeschichte », qui s’intéresse principalement à l’origine des
peuples germaniques et à l’archéologie des populations préhistoriques et
protohistoriques autochtones de l’Allemagne et de ses régions limitrophes. Son
statut de prêtre protestant l’amène tout naturellement à lire la Bible avec
grande attention, à s’intéresser au passé protohistorique et antique de la
« Terre Sainte », du Levant en général, et aux influences culturelles
exercées par les Philistins et les Phéniciens dans la région. Les Phéniciens
procèdent, selon les historiens en général et selon Spanuth en particulier,
d’une fusion entre les Philistins, peu nombreux et allochtones, et le substrat
ethnique local, demeuré largement majoritaire. Les Phéniciens, selon Spanuth,
auraient emprunté les techniques de navigation et l’écriture alphabétique aux
Philistins, venus d’Europe et même d’Europe du Nord (Slesvig-Holstein), dans le
sillage de migrations importantes et bouleversantes, qui sont repérables dans
la région entre 1250 et 1170 avant l’ère chrétienne et qui changent toute la
donne en Grèce, en Anatolie, au Levant et, partiellement, en Egypte.
Pour Spanuth, les bouleversements et les vagues migratoires
de grande ampleur de la protohistoire de l’Europe et du Levant, sont dues à
deux catastrophes naturelles majeures : la chute d’une comète au large du
Slesvig-Holstein, entre l’île d’Heligoland et l’embouchure de la rivière
locale, l’Eider. L’île d’Heligoland aurait été le centre d’une civilisation du
bronze nordique, enrichie par le commerce de l’ambre et de l’étain. Ensuite,
l’explosion du volcan de Santorin qui aurait détruit les résidus de la
civilisation mycénienne. Cette double catastrophe naturelle en entraînera
d’autres comme des famines et des sécheresses, empêchant le déploiement futur
des cultures propres aux populations locales vivant sur les territoires
innervés par la civilisation du bronze nordique et en Europe centrale, où les
mines de cuivre de l’Autriche actuelle avaient permis l’éclosion d’une société
protohistorique prospère (thèse reprise par Reinhard Schmoeckel).
Bon nombre de mythes antiques rappellent cette ère ponctuée
de terribles catastrophes, ayant provoqué, pendant au moins huit ou neuf
décennies des désordres effroyables et des migrations inattendues, notamment
celles des peuples centre-européens de la culture des champs d’urnes et des
populations dites « doriennes », issues de la civilisation détruite
du bronze nordique. Pour le déluge provoqué, selon Spanuth, par la chute de la
comète, il s’agit des mythes de Deucalion et de Pyrrha, le couple seul
survivant du cataclysme qui arrive en Grèce, sur le Mont Parnasse ; les
récits bibliques des plaies d’Egypte et de l’Exode des Israélites ;
l’arrivé des peuples de la mer et l’installation des Philistins en Palestine (à
laquelle ils donnent leur nom). Ensuite, nous avons le mythe de Phaéton chez
Platon, où ce fils d’Hélios, dieu-soleil, conduit avec une épouvantable
maladresse le char solaire paternel et provoque une catastrophe cosmique
entraînant sa chute en face de l’embouchure du fleuve Eridanos. Allusion
directe à une catastrophe cosmique dans le territoire initial des
« Atlantes ». Les mythes égyptien de Sekhmet et syrien d’Anat y font
également allusion, de même que l’Avesta persan et le Ragnarök germanique, sans
même mentionner, pour le déluge, le très contesté récit frison de l’Oera-Linda.
L’historien grec antique Hécate de Milet tentera de déchiffrer les mythes, d’en
restituer la consistance historique réelle, notamment pour l’histoire du
sous-continent européen, en évoquant une cité celtique (polis keltikè) du nom de Nyrax, que l’on situe soit au nord de
Marseille soit en Carinthie (dans la province romaine du Noricum) où, à
l’époque historique, se trouvait une cité du nom de Noreia.
La chute de Phaeton par P.P. Rubens
Les catastrophes de la période qui va de 1250 à 1170 avant
l’ère chrétienne semblent donc attestées, tant par la mythologie que par les
sciences archéologiques. Après Spanuth, l’historien contesté H. K. Horken
ajoute à la catastrophe cosmique esquissée par Spanuth, l’effondrement du
Doggerbank au milieu de la mer du Nord, confirmé depuis lors par les
archéologues. L’archéologue britannique Paul Dunbavin, quant à lui, évoque la
disparition d’une civilisation protohistorique face à l’Atlantique au Pays de
Galles, hypothèse désormais étayée par la découverte d’une forêt fossile,
truffée d’artefacts humains.
La chronologie antique parle, avec Solon, d’une époque
datant de 9000 avant l’apex de la civilisation athénienne classique. Or les
sources de Solon étaient égyptiennes, civilisation qui comptait les lunaisons
et non les cycles solaires annuels : les 9000 lunaisons de Solon et de sa
source égyptienne correspondraient donc à 673 années solaires environ, ce qui
ramène notre Athénien à la période des grandes catastrophes de 1250 à 1170.
Spanuth a rétabli cette chronologie solaire. Les peuples de la région ravagée
vont dès lors s’ébranler en direction de la Grèce et de la Méditerranée, en
empruntant justement les routes de l’ambre partant des côtes de la mer du Nord
et surtout de la Baltique, qui avait fait leur richesse. En arrivant en Grèce,
pense Spanuth et ses fidèles, ils arrachent ce territoire à l’orientalisation
qui l’affectait. La Grèce cesse alors d’être mycénienne, pensait Spanuth, car
les migrants doriens ravagent le territoire et s’y installent. L’archéologie,
sur ce point comme sur d’autres, ne lui a pas donné raison : cette
installation se serait opérée plus tard. Les Doriens n’auraient fait que
traverser la Grèce, sans exercer trop de ravages, pour marcher sur l’Egypte.
Battus par le Pharaon, ils seraient revenus plus tard, sur l’espace mycénien
détruit par d’autres catastrophes. Spanuth parle alors de « retour des
Héraclides », thème auquel il a consacré un ouvrage qui complète et
corrige ses thèses premières. Par voie de conséquence, la chute de la comète
dans le nord de l’Europe est quasi contemporaine d’une autre catastrophe,
survenue dans l’Egée, à savoir l’éruption du volcan de Santorin. C’est elle qui
provoque la disparition de la civilisation mycénienne et son remplacement
ultérieur, par les débris des Doriens ou Héraclides, repoussés par les armées
du Pharaon. Cependant le choc entre l’Egypte, les peuples de la mer et les
autres peuples arrivés d’Europe aurait été tel que l’empire des Pharaons en fut
sérieusement ébranlé, entraînant la fuite hors d’Egypte des Israélites qui se
heurteront alors aux Philistins, issus de ces mêmes peuples d’origine
européenne, sur le territoire actuellement palestinien, appelé alors
« Pays de Canaan ».
Carte montrant l'effondrement de la côte au Schleswig-Holstein et au Danemark, autour du bourg médiéval de Ringholt
Gerhard Gadow rappelle le début des démarches de Spanuth
dans l’ouvrage qu’il lui consacre partiellement. Pendant l’été 1953, Spanuth
commence à explorer les fonds de la mer du Nord, notamment le Steingrund (littéralement : le fond
pierreux) à l’est d’Héligoland. Pendant la première guerre mondiale, un navire
de guerre allemand s’était échoué sur ce fond, entraînant l’activité de
plongeurs qui y découvrent des pierres taillées : Spanuth pensait qu’il
s’agissait de bâtiments ou de palais représentatifs de cette civilisation du bronze
nordique qu’il croyait détruite par un cataclysme cosmique. La publication des résultats de ces recherches
très difficiles à parfaire enclenche une polémique entre archéologues, où
Spanuth doit faire face à une opposition entêtée, rejetant ses hypothèses sans
réellement les examiner. A la suite de ces débats aigres-doux, un archéologue
toutefois rappelle que l’on avait aussi pris Schliemann pour un fou, alors que
cet amateur a redécouvert la Troie des récits homériques.
Dans les polémiques qui le fustigeaient et voulaient le
chasser des débats, l’accent est généralement mis sur sa thèse
« atlantide » car ce vocable, issu du mythe platonicien, a suscité,
au fil des décennies, une vague de thèses farfelues et invraisemblables,
relevant du mythe moderne, de la veine utopique, de la fantasmagorie ou de la
fantaisie littéraire. C’est oublier un
peu vite que Spanuth est l’auteur de deux volumes bien étayés, l’un sur les
Philistins, l’autre sur les Phéniciens, parus tous deux chez l’éditeur Otto
Zeller d’Osnabrück, qui fut, entre bien d’autres choses, l’un des traducteurs
en allemand des Védas, de l’Iliade et de l’Odyssée. Pendant la seconde guerre
mondiale, le Dr. Otto Zeller, indianiste, servit d’interprète aux
indépendantistes indiens présents à Berlin pour servir les forces de
l’Axe : les anecdotes à ce sujet qu’il m’a racontées étaient fort
plaisantes… Zeller faisait siennes les thèses de Spanuth, notamment dans un
ouvrage qu’il avait publié uniquement pour les membres de sa famille, mais dont
il m’offrit un exemplaire lors de ma visite à sa maison d’édition en 1985 (cf.
bibliographie). Pour Zeller, les migrations successives des peuples dits
« indo-européens » partent, dans la protohistoire, de la zone
indiquée par Spanuth : les tribus migrantes gardaient leur nom qui se
transformait selon les règles des mutations consonantiques et s’installaient
parfois très loin de leur foyer initial. Zeller ne retient pas l’hypothèse de
foyers fixes mais avance celle de foyers essaimés entre l’Atlantique et l’Indus,
où elles marquent souvent le territoire de manière durable et laissent des
traces onomastiques. Il pose ainsi l’hypothèse que les Frisons, proches du
foyer héligolandais de Spanuth, ont essaimé, d’une façon par ailleurs décrite
par Oswald Spengler, notamment dans le bassin parisien (les
« Parisii ») et en Angleterre (d’autres « Parisii ») voire
jusqu’aux rivages de la Caspienne et en Perse où les clans dominants auraient
été de souche frisonne, proche ou lointaine.
Spanuth est donc essentiellement, pour la communauté
scientifique, non le théoricien d’une Atlantide héligolandaise, car on
considère sa thèse comme une fantaisie personnelle, comme une sollicitation
outrancière des faits archéologiques, mais l’archéologue qui a exploré les
mondes philistin et phénicien. Pour Spanuth, l’invasion des peuples de la mer,
dont les Philistins, a été dûment planifiée puisqu’elle s’attaque à l’Egypte de
Ramses III par trois côtés à la fois : par l’Ouest libyen, par l’Est, le
Sinaï, et par le Nord, le delta du Nil.
Son ouvrage sur les Philistins repose notamment sur un
décryptage en règle des fresques du temple égyptien de Medinet Habou,
lesquelles relatent les combats victorieux du Pharaon Ramses III contre les
peuples de la mer. L’archéologie a
toujours spéculé sur l’origine de ces peuples marins qui ont tenté de subjuguer
l’Egypte. Les textes hiéroglyphiques de Medinet Habou disent : « Les peuples de l’océan du Nord
lointain ont ourdi un complot dans leur île. Ils conçurent le plan de s’emparer
de tous les pays jusqu’aux confins extrêmes de la Terre. Aucun royaume ne
résista à leurs armes. … (tous) furent détruits en même temps. Ils édifièrent
leur camp en un lieu d’Amarru (= la Palestine). (…) puis se dirent « En
avant vers l’Egypte ». Ils s’étaient alliés aux Peleset, Sakars, Dennes,
Sekels et Wasasa ». Pour Spanuth, les Peleset sont les Philistins de
la Bible et les Sakars et les Dennes sont vraisemblablement des tribus de ce
même peuple. Les Sekels seraient originaires de Sicile ; les Wasasa de
Corse. Après leur défaite face aux troupes du Pharaon, les Philistins se
replient sur leurs bases de Palestine, essentiellement sur la côte
méditerranéenne. Les Sakars s’installent dans le Liban actuel et les Dennes à
Chypre, où ils deviendront maîtres dans l’art de travailler le cuivre,
ressource majeure de l’île.
A l’Ouest, les Lebu (= Libyens), les Tyrrhéniens et
les Sardana (= les Sardes ?), seront appuyés par les Wasasa de la mer et
demeureront à l’ouest de l’empire des pharaons, parmi les tribus libyennes.
Indubitablement, le Pharaon est vainqueur en Egypte mais, précise Spanuth, ne
parvient plus à asseoir son pouvoir sur les territoires actuellement
palestiniens ou libanais, alors que son prédécesseur Ramsès II les avait
arrachés aux Hittites, suite à la fameuse bataille de Qadesh (-1288). Un
facteur nouveau s’était imposé au Levant : les Philistins avaient bel et
bien ôté à l’Egypte ses provinces levantines qui lui permettaient d’avoir un
accès direct et caravanier à la Mésopotamie pour consolider durablement son
commerce. Les forteresses égyptiennes de la région, édifiées après le choc de
Qadesh contre les Hittites mais détruites ensuite par les catastrophes
naturelles entre 1250 et 1170 avant l’ère chrétienne, n’ont jamais été
reconstruites. Les terres dominées par les Philistins s’étendaient, démontre
Spanuth, jusqu’à proximité immédiate du delta du Nil. L’exode hors d’Egypte des
tribus hébraïques, que relate la Bible, n’a de sens, dit Spanuth, que si le
pouvoir du Pharaon ne s’exerçait plus sur les terres qu’elles avaient quitté
plusieurs générations auparavant. Cet exode se serait effectué en passant par
l’étroite bande de terre séparant la Méditerranée du Sabkhat el Bardawil (Mer
de Sibonis dans l’antiquité) au nord du Sinai, laquelle était sans intérêt et pour
les Philistins et pour les Egyptiens. Au bout de cette bande de terre ingrate,
les migrants hébraïques durent traverser le désert et, bien plus tard, prendre
à revers, par l’intérieur, les territoires utiles et littoraux, contrôlés par
les Philistins.
Les routes terrestres et maritimes empruntées par les
peuples de la mer sont, pour Spanuth, celles qui reliaient dans la
protohistoire l’Egypte aux rivages d’où provenait l’ambre, si prisée dans
l’empire des pharaons, et l’étain des Cornouailles dans des Iles Britanniques
alors marquées par la culture mégalithique. Depuis les côtes méridionales de
l’actuelle Angleterre, ces routes longent, sur le continent, les cours de la
Seine, de la Saône et du Rhône pour se porter ensuite vers les trois grandes
iles du bassin occidental de la Méditerranée. Une route maritime cabote le long
des côtes atlantiques et entre en Méditerranée par Gibraltar pour aborder les
Baléares et la Sardaigne. La première
des routes de l’ambre remonte la Weser et le Rhin, pour suivre ensuite le
Doubs, la Saône et le Rhône et se joindre à la route venue des Iles Britanniques.
Une deuxième route suit le cours de l’Elbe jusqu’en Bohème où elle bifurque,
amenant, pour la première de ces bifurcations, les marchands d’ambre puis les
peuples migrants vers l’Italie en suivant le Danube et l’Inn ; et, pour la
seconde de ces bifurcations, vers le Danube jusqu’à hauteur de Belgrade ou elle
emprunte le cours de la Grande Morava puis descend le cours du petit fleuve
grec, le Vardar, qui a son embouchure dans l’Egée aux environs de
Salonique ; de là les peuples migrants ont pu se répandre en Crète, à
Chypre, dans l’Anatolie hittite et le long des côtes méditerranéennes du Levant
jusqu’au Sinai. La troisième route, partant de la Baltique, suit l’Oder et
rejoint la bifurcation danubienne/égéenne.
L’archéologie actuelle confirme, non pas directement les
thèses de Spanuth mais toutes les hypothèses qui suggéraient un degré de
culture assez élevé en Europe centrale et dans les régions plus septentrionales
du Mecklembourg, de la Poméranie, des terres situées à l’embouchure de la
Vistule et des côtes s’étendant de ce fleuve, aujourd’hui polonais, jusqu’aux
littoraux de tous les Pays Baltes. Ainsi, dans un ouvrage largement vendu
Outre-Rhin, Die Bernsteinstrasse, de
Gisela Graichen et Alexander Hesse, nos deux auteurs reconstituent la carte
géographique des relations commerciales de la protohistoire européenne,
méditerranéenne et levantine, en appuyant leurs démonstrations de preuves archéologiques
récentes, qui ne sont guère connues du grand public jusqu’à ce jour. Le
commerce de l’ambre balte se repère en Egypte dès l’époque du pharaon Thutmosis
III qui, par ailleurs, organisait des caravanes pour aller chercher du
lapis-lazuli dans des régions orientales aujourd’hui afghanes. Le petit-fils et
successeur de ce pharaon, Thutmosis IV épouse une princesse du Royaume Mitanni
(Syrie, Nord de l’Irak), dont on ne connaît guère les composantes ethniques
mais où l’on devine une présence indo-européenne, notamment chez les charistes
de l’armée. La princesse apporte, dans sa dot, des bijoux faits d’ambre. Ce
mariage scelle la paix entre l’Egypte de Thutmosis III, qui, vainqueur, avait
consolidé la domination égyptienne sur le Levant. Cette suzeraineté égyptienne
permet le développement du port de Byblos (Liban) où arrivait probablement
l’ambre et d’où partait le bois de cèdre vers l’Egypte, dont les palmiers
n’offraient qu’un bois de plus piètre qualité, inapte à soutenir les
constructions pharaoniques.
Les objets d’ambre ne proviennent probablement pas de la
voie terrestre occidentale car rien n’indique qu’il y a eu conflits armés ou
relations commerciales avec les tribus libyennes vivant à l’ouest des terres du
Pharaon. Dans le tombeau du jeune Toutankhamon (-1334, -1324), un grand nombre
d’objets faits d’ambre baltique ont été découverts. Ils sont d’une facture
telle qu’on peut affirmer qu’ils proviennent de la culture des tumuli,
installée, à l’époque, dans la région baltique. L’hypothèse est de dire qu’ils
ont été acheminés par étapes sur des voies terrestres de la Baltique à la
Grèce, puis, de là, vers les ports du Levant et d’Egypte. Toutankhamon a donc
reçu ces objets directement d’Europe du Nord ou par l’intermédiaire des villes
du Levant. On émet l’hypothèse que le culte solaire, imposé par Akhenaton,
époux de la belle Nefertiti, a une origine nord-européenne, car des objets de
culte solaire existaient, dans cette période protohistorique, dans le Nord,
comme l’attestent le magnifique char solaire découvert à Trundholm au Danemark
et qui date de -1400 avant l’ère chrétienne. Graichen et Hesse écrivent :
« Les idées, les représentations, les religions voyageaient sur des
milliers de kilomètres, même quand on n’avait pas internet » (p. 225).
Mais l’époque des grandes catastrophes, qui ont ruiné tous
les empires et royaumes du Levant, de l’Anatolie et de la Grèce, et, pour
Spanuth, le royaume insulaire de la Mer du Nord centré autour de l’île
d’Heligoland, a eu des répercussions en Allemagne du Nord également. Sur le
territoire du Land actuel de Mecklembourg-Poméranie occidentale, les
archéologues ont retrouvé les traces d’une bataille et d’un massacre de grande
ampleur pour l’époque, qui a sans doute eu pour enjeu l’ambre de la Baltique.
On retrouve des colliers de perles d’ambre dans les vallées glacées des cols
alpins : ils sont semblables à ceux retrouvés dans les tombeaux des
pharaons, des rois mycéniens et des princes de Qatna (Syrie). Les cols alpins
ont donc été la voie de passage des vendeurs d’ambre en direction de l’Egypte,
de la Grèce et du Levant. Outre les régions alpines, la ville de Halle en
Allemagne semble avoir été un dépôt d’ambre à l’époque, de même qu’un centre
d’observation astronomique, vu que l’on y a découvert le fameux disque de
Nebra, première représentation cartographiée du ciel et des astres. La question
que se posent aujourd’hui les archéologues d’Europe centrale est la
suivante : que s’est-il passé entre les Alpes et la Baltique, précisément
sur les voies d’acheminement de l’ambre vers le Sud, qui amenait le cuivre et
l’étain vers le Nord et le sel et l’ambre vers la Méditerranée ?
Le récit biblique évoque donc, vers la même époque, l’exode
des Hébreux vers le Levant. Dans le Nord de l’Europe, un peuple installé dans
la zone préalpine s’ébranle, avec femmes, enfants et bétail, vers le Nord, vers
les régions baltiques d’où vient l’ambre. Seule l’archéologie récente peut
l’affirmer, vu qu’aucune trace écrite ne mentionne cette migration, à l’époque
des grandes catastrophes. Cette tribu danubienne et préalpine emporte dans ses
bagages de l’étain et, en moindre quantité, de l’or. Dans la vallée de la
rivière Tollense, au sud de l’actuelle ville de Greifswald, elle affronte, avec
ses armes de bronze, des autochtones qui lui refusaient le passage d’un gué. Une
bataille s’ensuivit dont les traces ont été retrouvées, dans la boue du lit de
la rivière : des squelettes d’hommes, entre 20 et 40 ans, mutilés, aux
crânes défoncés à coups de gourdin, aux colonnes vertébrales broyées, nourris,
avant leur mort tragique, de millet provenant des contreforts alpins.
Questions : pourquoi cet affrontement, pour quel enjeu ? Pourquoi les
cadavres des migrants danubiens vaincus n’ont-ils pas été enterrés ni leurs
trésors complètement pillés ? Cette tribu massacrée, en errance, a-t-elle
quitté son territoire d’origine suite à une dégradation générale du
climat ? Et quelle est la cause de ce changement climatique ? La
chute de la météorite dans la Mer du Nord et l’éruption du volcan de Santorin,
comme le pense Spanuth ? Ou voulait-elle s’emparer des littoraux d’où
venait l’ambre pour ne pas avoir à payer tribut à des intermédiaires et
monopoliser à son seul profit ce commerce florissant avec l’Egypte ?
Bataille de la Tollense: crâne fracassé et armes découvertes sur le site.
Le 17 mars 1991, le musée de Neustrelitz apprend qu’une
découverte tout aussi sensationnelle vient d’être faite dans un champ près de
la ville : dans une urne de céramique de grande dimension mise à jour par
des riverains, on trouve 700 objets de bronze, 180 perles de verre et 20 perles
d’ambre de la Baltique. Les perles de verre sont d’origine égyptienne ou
proviennent des rives des grands lacs suisses. Les archéologues pensent que
l’enfouissement de ce trésor constitue une offrande aux dieux, peut-être pour
les apaiser suite aux catastrophes et aux changements climatiques, afin d’être
à l’unisson avec le numineux, par une unio
magica. Mais outre cette dimension religieuse, la découverte de Neustrelitz
prouve désormais bel et bien que l’Europe centrale et septentrionale n’était
pas une région arriérée et désolée, repliée sur elle-même mais était en contact
avec la Méditerranée, l’Egypte et, partant, le Levant, la Mésopotamie et sans
doute les terres afghanes qui fournissaient de l’étain et du lapis-lazuli, ce
qui pourrait corroborer l’hypothèse de Zeller que des fragments de tribus, des
cadets de famille s’établissaient le long des routes commerciales, jusqu’en
Inde sur tout le territoire plus ou moins indo-européanisé entre l’Europe et
l’Inde ou le Sinkiang.
Objets découverts sur le site de la bataille de la Tollense
En avril 2011, près de Diepholz en Basse-Saxe, un
archéologue découvre des objets de bronze, faits de matériaux venus d’Europe
balkanique, et des artefacts d’un or en provenance d’Asie centrale. Cette
région allemande, plus proche de la Mer du Nord que de la Baltique, était donc
en relations commerciales avec des contrées très lointaines à l’Age du Bronze.
La manière dont cet or avait été traité indique un savoir-faire très avancé,
qu’on ne soupçonnait pas jusqu’ici, dans nos régions. L’Europe centrale et
septentrionale était donc branchée sur le monde extérieur par des voies
commerciales qui fonctionnaient dans les deux sens, avec des sites-étapes probablement
équidistants, le long de lay lines, sans
que les destinataires, aux extrémités, ne se rencontrent jamais.
Or découvert à Diepholz.
En 1994, l’ethnologue Hans-Peter Duerr, spécialiste des
religions autochtones sud-américaines et chamaniques, mais spécialiste aussi
des traditions rurales de Frise septentrionale (et donc du Schleswig-Holstein),
explore, à proximité d’Heligoland, les eaux qui ont englouti le bourg médiéval
de Rungholt dans la Wattenmeer, peu profonde, laissant parfois des plages de
plus de 5 km de long à marée basse. Il y découvre des objets en provenance des
régions méditerranéennes. Ces découvertes amènent les archéologues à
s’interroger sur les voies maritimes de l’Age du Bronze entre ce
Schleswig-Holstein et les Iles Britanniques, où se trouvent les mines d’étain
des Cornouailles. Ils estiment d’ores et déjà qu’une navigation au moins
élémentaire se rendait des côtes de cette région nord-frisonne vers l’île
d’Heligoland d’où on extrayait le silex rouge. Par ailleurs, ils estiment aussi
qu’une navigation fluviale existait, de même qu’un cabotage sur le pourtour de
la Mer du Nord. Les forêts, assez
denses, étaient traversées par des chemins praticables, avec passages de bois
dans les sites marécageux et renforcements divers à l’aide de madriers. Les
hypothèses lancées en 1994 par Duerr permettent aujourd’hui d’avoir une image
plus claire sur la préhistoire et la protohistoire de cette région et de lancer
de nouvelles recherches sur la Mer du Nord à l’Age du Bronze, qui corroboreront
peut-être quelques-unes des thèses de Spanuth.
Pour la navigation préhistorique ou protohistorique, plus
plausible aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a soixante ou cinquante ans quand
Spanuth a entamé ses recherches, on se réfèrera, du moins pour la Manche, les
côtes septentrionales et méridionales de l’Armorique et la péninsule ibérique,
aux thèses remarquables de l’archéologue britannique Barry Cunliffe qui évoque
notamment une navigation océanique/atlantique pour le transport des métaux (or,
étain, cuivre), qui aurait commencé dès le cinquième millénaire avant l’ère
chrétienne. Si une telle navigation pouvait exister sur les eaux tumultueuses
de l’Atlantique, le passage d’embarcations, même rudimentaires, devait être
plus facile dans la Mer du Nord, pour accéder au cuivre et à l’étain des Iles
Britanniques, amenés, sans doute, par voie fluviale vers les centres préalpins
du commerce protohistorique avec le bassin oriental de la Méditerranée.
Heligoland, face à l’embouchure de l’Elbe, a pu dès lors jouer un rôle clef et
servir de dépôt insulaire, et donc plus sûr, à des richesses en provenance de
la frange atlantique, d’une part, et des Balkans, tremplins vers l’Egypte et le
Levant, d’autre part. Rappelons aussi que les gravures rupestres
protohistoriques de la Scandinavie présentent de nombreux dessins
d’embarcations de longueurs diverses.
Revenons en Egypte et au Levant. Après la défaite des
Philistins en Egypte et l’exode des Hébreux, ces deux peuples vivent en voisins
pendant un siècle ou deux sans se heurter. Les Philistins maîtrisent les
techniques navales, équestres et architecturales que les Hébreux de l’époque ne
possédaient pas. Et leur transmettront vraisemblablement leur alphabet, dérivé
d’un système d’écriture européen. Les Philistins ont donc joué un rôle
civilisateur indéniable au Levant. Spanuth précisera ce rôle dans son ouvrage
sur les Phéniciens. Ceux-ci maîtriseront finalement une bonne part de la
Méditerranée, fonderont Carthage et plusieurs comptoirs en Hispanie préromaine,
avant de succomber aux assauts répétés des peuples sémitiques de l’arrière-pays
du Levant.
Mais c’est là une autre histoire, celle de la reconstruction du
monde européen et méditerranéen après les catastrophes survenues entre -1250 et
-1177 avant l’ère chrétienne. Cette catastrophe, qui est une césure dont nous
ne saisissons pas trop bien l’ampleur, est étudiée par le professeur américain Eric
H. Cline, qui évoque aussi un réseau protohistorique de commerce international
euro-méditerranéen et eurasien, fonctionnant sans trop de heurts et certainement
stabilisé après la victoire de Ramses II à Qadesh contre les Hittites. Ce
réseau s’est effondré subitement, entre autres motifs à cause des coups portés
par les « peuples de la mer » et la tâche de l’archéologie est
d’expliquer les raisons de cet effondrement. Spanuth n’a pas voulu faire autre
chose. L’avenir nous donnera certainement des explications plus précises sur
cette tragédie du monde pré-antique.
Robert Steuckers,
Forest-Flotzenberg, février-avril 2020.
Bibliographie et blogographie :
Eric H. Cline, 1177 B.C. – The Year Civilization Collapsed,
Princeton University Press, 2014.
Eric H. Cline, https://www.youtube.com/watch?v=bRcu-ysocX4&t=1907s
Barry Cunliffe, Facing the Ocean – The Atlantic and its
Peoples, Oxford University Press, 2001-2004.
Barry Cunliffe, Océano – Una hisrtoria de conectividad entre
el Mediterràneo y el Atlàntico desde le prehistoria al siglo XVI, Desperta
Ferro, Madrid, 2019.
Geneviève Droz, Les mythes platoniciens, Seuil-Points,
Paris, 1992 (Cet ouvrage reproduit les textes de Platon, relatifs au mythe de
l’Atlantide, extraits du Critias et
du Timée).
Gerhard Gadow, Der Atlantis-Streit – Zur meistdiskutierte
Sage des Altertums, Fischer, Frankfurt am Main, 1973.
Gisela Graichen /
Alexander Hesse, Die Bernsteinstrasse –
Verborgene Handelswege zwischen Ostsee und Nil, Rowohlt, Reinbeck bei
Hamburg, 2012.
Harald Haarmann, Das Rätsel der Donauzivilisation – Die
Entdeckung der ältesten Hochkultur Europas, Beck, München, 2011.
Herodotus, Histories, Wordsworth Classics, 1996.
Othniel
Margalith, The Sea People in the Bible,
Otto Harrassowitz Verlag, Wiesbaden, 1994.
Ulderico Nistico,
Il ritorno degli Eraclidi e la tradizione
dorica spartana, Ed. di Ar, Padova, 1978.
N. K. Sandars, De Zeevolken – Egypte en Voor-Azië bedreigd
– 1250-1150 v. C., Fibula/Van Dieshoeck, Haarlem, 1980.
Reinhard
Schmoeckel, Die Indo-europäer – Aufbruch
aus der Vorgeschichte, Lindenbaum Verlag, Beltheim-Schnellbach, 2012.
Jürgen Spanuth, Die Philister – Das unbekannte Volk –
Lehrmeister und Widersacher der Israeliten, Otto Zeller Verlag, Osnabrück,
1980.
Jürgen Spanuth, Die Phönizier – Ein Nordmeervolk im Lebanon,
Zeller Verlag, Osnabrück, 1985.
Jürgen Spanuth, Die Rückkehr der Herakliden – Das Erbe der
Atlanter - Der Norden als Ursprung der griechischen Kultur, Grabert,
Tübingen, 1989.
Jürgen Spanuth, Le secret de l’Atlantide – L’empire englouti
de la mer du Nord, Editions d’Heligoland, 2011.
Paul Vaute, Mer du Nord : les invasions toujours
recommencées, https://lepassebelge.blog, 7 septembre 2019.
Otto Zeller, Der
Ursprung der Buchstabenschrift und das Runenalphabet, Biblio Verlag, Osnabrück,
1977.
Otto Zeller, Am Nabel und im Autrag der Geschichte,
Biblio Verlag, Osnabrück, 1985.
Bonjour,
RépondreSupprimerPermettez de poster l'extrait d'un article de mon concernant les Atlantes.
La République des Atlantes…
On voit par le récit de Platon sur l'Atlantide que le gouvernement des Atlantes était fédératif. Il était partagé en dix Matrices dont chaque Déesse-Mère régnait sur ses propres sujets et selon ses lois.
C'était une société de souveraines, qui a servi de modèle à celle des Amphictyons en Grèce.
De Grave dit (T. I, p. 51) : « L'Elysée était une République fédérative dont les chefs s'assemblaient à des temps donnés, pour délibérer sur les affaires de la généralité. »
Quels étaient ces chefs ?
On en met trois dans les Champs Elysées : Minos, Eaque et Rhadamante.
Précisons d'abord que Minos, comme Menés ou Mena, est le nom donné partout au premier souverain, à la première autorité, qui est maternelle. Mannas est le titre symbolique des premiers fondateurs des empires. Mannas, c'est la Mère (On lui a fait un masculin Menos, puis « Man », homme).
Minos, que les Grecs ont mis pour Manas, tient un sceptre d'or, symbole d'une administration douce et équitable.
Chez les Boréens, nous retrouvons ce nom dans Minnur ou Minner. (Les changements de voyelles sont fréquents chez les Scandinaves.)
Tous les neuf ans, ce Minos du Nord rendait des oracles. C'était les Jugements du Nord (les neuvaines), que l'on célébrait en Suède avec grande solennité.
Homère nous dit que Minos rendait des oracles tous les neuf ans.
Ce chiffre neuf a pour but de rappeler les neuf mois de la gestation. Tout le symbolisme primitif est maternel. On nous dira aussi que Manou est une intelligence législative qui préside sur la Terre d'un déluge à l'autre, c'est-à-dire d'un cataclysme social à l'autre. Rejetée par les masculinistes, on est obligé de la rappeler quand le désordre va trop loin. Alors elle rapporte une constitution providentielle qui remet la vie humaine dans la bonne voie.
C'étaient des femmes bien vivantes qui étaient les juges suprêmes. On les a longtemps appelées les anciennes, parce que ces fonctions étaient remplies par les aïeules, les Mères, les Matrones ; et c'est pour cela que l'homme méchant a toujours continué à craindre la femme âgée, celle qui connaît la vie, et le connaît, c'est-à-dire le juge.
Ceux d'entre les hommes qui avaient passé leur vie dans la Justice, et agi selon la loi morale étaient reçus dans les « Champs Élysées », les îles fortunées, les prairies bienheureuses du pays des Déesses, où ils vivaient dans la félicité. Les méchants et les impies étaient relégués au Tartare, au pays des hommes.
Suite : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/celtes-et-latins.html
Cordialement.
Merci, cela confirmerait alors les thèses d'un autre théoricien mal vu, Herman Wirth.
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